Reminder of your requestDownloading format TextView 1 to 16 on 16Number of pages 16Full noticeTitle Le Monde artiste théâtre, musique, beaux-arts, littératurePublisher [ ParisPublication date 1898-12-04Contributor Gourdon de Genouillac, Henri 1826-1898. Éditeur scientifiqueRelationship textType printed serialLanguage frenchFormat Nombre total de vues 19764Description 04 décembre 1898Description 1898/12/04 A38,N49.Description Collection numérique Arts de la marionnetteRights Consultable en ligneRights Public domainIdentifier ark/12148/bpt6k5456185nSource Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-1096Provenance Bibliothèque nationale de FranceOnline date 30/11/2010The text displayed may contain some errors. The text of this document has been generated automatically by an optical character recognition OCR program. The estimated recognition rate for this document is 100%.LE MONDE ARTISTE. illustré MUSIQUE — THÉATRE — BEAUX-ARTS DIPLOME D'HONNEUR Innsbruck,1896 MÉDAILLE D'ARGENT Paris, 1896 MÉDAILLE D'ARGENT Bruxelles, 1897 BUREAUX DU JOURNAL 24, rue des Capucines, 24. Les abonnements sont, en outre, reçus à la LIBRAIRIE NOUVELLE 11, Boulevard des Italiens, 11. PUBLICATION HEBDOMADAIRE 38e Année N° 49 Dimanche 4 Décembre 1898 Sommaire La Semaine Théâtrale Chronique théâtrale par EDMOND STOULLIG Spectacles de la semaine Province et Étranger NOTES ET INFORMATIONS Bulletin bibliographique par MEMENTO Courrier de la semaine par MAURICE THOMAS Nécrologie Courrier de la Mode par BERTHE DE PRÉSILLi ILLUSTRATIONS Dessin de M. A. BONAMORE Abonnements UN AN SIX MOIS Paris 20 fr. 12 fr Départements.. 24 " 14 " Etranger.... 27 " 17 " Les Abonnements d'un an sont intégralement emboursés en Morceaux de Musique piano ou chant à choisir dans le Catalogue adressé franco à toute personne qui en fera la de mande. Le Numéro 50 Centimes 770 LE MONDE ARTISTE 38e Année. — N° 49 Dimanche 4 Décembre 1898 LE MONDE ARTISTE LA SEMAINE THÉATRALE CHONIQUE THÉATRALE Opéra. - Lundi, Faust; mercredi, les Huguenots; vendredi, l'Etoile, Samson et Dalila ; samedi, le Prophète. Opéra-Comique Théâtre de la République. - Dimanche, Dimanche, Dame blanche ; lundi, Mireille, Cavalleria Rusticana; mardi, Mignon; mercredi, le Barbier de Séville, les Noces de Jeannette, pour la clôture des représentations données par l'Opéra-Comique au theâtre de la République. Comédie-Française. Dimanche, OEdipe-Roi ; lundi, Struensée ; mardi, Gringoire, le Gendre de M. Poirier ; mercredi, Struensée ; jeudi, matinée, Cinna, les Ménechmes; Ménechmes; Struensée; vendredi, l'Ami des femmes; samedi, Struensée. Odéon. — Dimanche, Une héritière, Colinette; lundi, représentation populaire à prix réduits, la Pupille, Bajazet; mardi, mercredi, dernières de Colinette ; jeudi, première de la Reine Fiammelle ; vendredi, samedi, la Reine Fiammette ; jeudi, à 1 heure 1/2, matinée à prix réduits conférence par Mme Dieulafoy, Bajazet, le Dépit amoureux. Théâtre-Antoine. — Lundi,mercredi, Rolande, Lidoire; dimanche, mardi, samedi, Judith Renoudin ; jeudi, Britannicus, Hors les lois, précédé d'une conférence de M. George Vanor; vendredi, les Fenêtres, l'Ecole des veufs. Théâtre La Turlulaine de Marjolin, vaudeville en trois actes, de MM. Maurice Soulié et Charles Darantière. Première représentation le mercredi 30 novembre. Funambules. — Ouverture. Parisiana. - Parisiana Revue, en deux actes et dix tableaux, de MM. Gardel-Hervé, Briollet et Gerny. La turlulaine » est, paraît-il, pour les hommes mûrs ce qu'est pour les jeunes gens la coqueluche ». Or, Marjolin a toujours été mûr ne vous étonnez donc pas qu'à cinquante-deux ans, il soit THÉATRE-LYRIQUE INTERNATIONAL A MILAN. — Fedora, opéra en 3 actes, paroles de M. Colautti, Musique de M. Umberto Giordano. Acte II La Confession de Loris Dessin de M. A. Bonamore. 772 LE MONDE ARTISTE pris d'un regain de jeunesse qu'on appelle parfois l'été de la Saint-Martin ». De Pont -l'Evêque, où Chamouroux vient de lui céder l'institution qui porte son nom, il est allé un beau jour se promener à Trouville, et là , sur les Planches, il a été séduit par les admirables formes d'une blonde baigneuse qui lui est apparue — telle Vénus Amphitrite — en un galant costume de bain, merveilleusement apte à les faire valoir. Et depuis ce temps, la gymnastique elle-même n'est qu'un faible dérivatif à son irrésistible besoin d'aimer... Aussi vous figurez-vous la joie de notre marchand de soupe, quand, justement, il reçoit la visite de la blonde baigneuse de Trouville Mme Lucy Barker. Actuellement séparée de son mari pour cause d'incompatibilité d'humeur, elle a jugé convenable de prendre un amant, Hector de Préauclair, et c'est pour empêcher Hector d'épouser Mlle Henriette Marjolin que la sémillante Américaine s'est présentée à l'institution Chamouroux. La jeune Henriette n'a, d'ailleurs, aucune espèce d'inclination pour le bel Hector, en dépit de son litre de pharmacien de deuxième classe et de sa fructueuse invention des pilules aphrodisiaco-séminiennes elle en tient pour Léon Chardin, humble maître répétiteur à l'institution de son papa — sans le sou, hélas !... à moins qu'une combinaison, d'abord essayée sur des haricots, ne lui fasse gagner au jeu la forte somme... Cette forte somme, il ira — voyez à quel point sa naïveté est grande — la chercher à Trouville, où se rencontreront, comme par hasard, les divers personnages de l'imbroglio. C'est, d'abord, Mme Lucy Barker, qui, aux Roches... Blanches, a donné rendezvous à Hector, et que suivra dare dare Marjolin, soi-disant appelé à Caen pour un congrès les congrès ont bon dos... C'est Victoire, la cuisinière de la maison — une brune superbe — qui, se croyant distinguée » par Marjolin, se laisse accompagner par Chamouroux, tellement épris de ses charmes qu'il commence par la faire habiller à la dernière mode — peignoir orange compris — sous le nom de l'élégante comtesse du Raincy. C'est enfin Barker, venu tout exprès d'Amérique pour occire l'amant de sa femme entre deux paquebots. La prime de mille francs, gracieusement offerte par le farouche Yankee à celui qui lui fera découvrir l'homme qui l'a trompé et la poursuite du duel à l'américaine, sur la plage même de Trouville, servent de thème à une foule de joyeux incidents, suffisant à remplir abondamment, le second acte et à désopiler amplement la raie de ses auditeurs. Moins gai, à notre avis, est le troisième acte, sur lequel comptait, nous dit-on, d'une façon toute particulière, notre ami Georges Molle, le sympathique directeur de Déjazet. Le théâtre n'est-il pas, d'ailleurs, une boîte à surprises ?... Il vous sera pourtant permis de vous divertir avec le respectable notaire, Saint-André des Arts, délégué du Jury de la Belle Vertu, siégeant à Falaise qui, sur un air de cantate — honneur à Chamouroux, bon père et bon époux! — vient offrir à Chamouroux le prix de perfection momentanée " Et comme Chamouroux est convaincu d'avoir fortement démérité, emuine Marjolin, sous le nom de Chamouroux, en a l'ait de plus belles encore, vous jugez de l'embarras de l'honnête vieillard, ne sachant plus à quelles paroles adapter l'air de son officielle cantate. Jugez aussi de la terreur de Marjolin à l'arrivée du tigre Barker — enfermé bien à propos dans une chambre où il risque d'être proprement asphyxié par un poêle mobile. Léon Chardin, fort heureusement, lui sauve la vie ; or, comme c'est la seconde fois que ça lui arrive, Barker le récompense en le dotant. Le répétiteur épousera donc son Henriette et laissera le bel Hector courir le monde avec le ménage Barker, réconcilié pour la circonstance. Quant à la turlutaiue » de Marjolin, j'imagine qu'elle se passera comme elle pourra les auteurs ont négligé de nous tirer d'inquiétude à ce sujet. Peu importe, d'ailleurs, puisqu'ils nous ont amusés ; les deux premiers actes sont charmants, je le répète, très joliment écrits ce qui est assez rare pour Déjazet et tout à fait dignes de M. Maurice Soulié, qui, avec M. Paul Fournier, signa certain Honorable chaleureusementapplaudi,l'été dernier, à l'AthénéeComique... sans compter maint autre ouvrage tout prêt à voir la rampe quand le voudront bien messieurs les directeurs. Les bonnes pièces sont toujours bien jouées. Celle-ci est enlevée avec infiniment d'entrain par MM. Paul Jorge un très plaisant Marjolin, Victor Henry le très consciencieux fabricateur de cantate du dernier acte, par et Legrenay ; Mmes Murger une triomphante Victoire et Berthe Richard une Américaine qui a plus d'allure que d'accent. Nous avons un théâtre nouveau. Dire que j'en suis ravi, ce serait exagérer. Mais je dois constater que ce théâtre des " Funambules », très heureusement installé, 25, rue Fontaine, dans ce qui fut naguère le Champ de foire " est d'un confortable et d'une élégance qui, vraiment, ne laissent rien à désirer. Le directeur n'est autre que l'excellent mime Séverin, l'inoubliable créateur de Chand d' habits. Et de rechef, nous avons pu applaudir cette très curieuse pantomime arrangée par M. Catulle Mendès, d'après Théophile Gautier. C'est, comme vous savez, le drame de Pierrot, assassin par amour, et voyant partout au bal, dans la chambre de sa maîtresse, sur le terrain du duel, apparaître sa victime qui, comme le Commandeur pour Don Juan, le force à l'embrassade et l'engloutit aux enfers. Aux Folies-Bergère, on voyait même les enfers et le supplice de Pierrot, diablerie d'opérette. Aux Funambules, le quatrième tableau a été supprimé. La conception de M. Catulle Mendès est d'un tragique poignant, et offre à l'étonnant mime qu'est Séverin l'occasion de nous montrer toutes les ressources de son talent. Aussi son jeu a-t-il, cette fois encore, excité une légitime admiration. Toutes ses attitudes, tous ses gestes extériorisent l'harmonie des idées qu'il doit rendre sensibles. Et sa physionomie est un aussi clair langage que s'il recourait aux nuances rythmées de la voix pour exprimer les sensations qui émeuvent, séduisent et bouleversent si conscience. Il a vraiment fait frissonner l'assistance des teneurs dont le remords tordait sa face, de même qu'il lui avait communiqué le ravissement dont l'amour l'extasiait. Mais, aux Funambules, on ne joue pas que la LE MONDE ARTISTE 773 pantomime, et Chand d'habits se précédait d'une ironique saynète de M. Tristan Bernard, Visite de nuit, toute pleine de réjouissantes trouvailles, mais à laquelle nous préférons pourtant ces deux petits chefs-d'oeuvre Le seul bandit du village et Silvérie. Puis, ce fut le tour d'une très originale comédie de MM. Pierre Veber et Léon Abric, Paroles en l'air, dont la scène se passe sur la plate-forme de la colonne de Juillet et dont l'aimable fantaisie a produit un effet énorme énorme, je vous dis... M. Mérissel est fort drôle sous les traits du gardien qui explique » la colonne et prouve tour à tour à un désespéré de l'amour qu'il aurait raison, ou tort, de se jeter de là -haut... Entrons à Parisiana... A la terrasse du café de la Tour-Saint-Jacques— quel honneur pour ce modeste établissement ! — Godanchet a fait l'heureuse rencontre d'un des plus aimables pensionnaires de la modeste prison de Fresnes, dont c'était le jour de sortie. Bengali, dit de la Taupe, a invité Godanchet à venir à la prochaine réception. Et comme Godanchet est devenu le compère de la revue, il conduit à Fresnes la délicieuse Zaza dont il a fait son élégante commère. Alors, dans un lumineux décor du plus ravissant effet, Anna Thibaud nous chante exquisement, comme elle sait chanter, cette prison où l'on aime puisque, par un raffinement bien moderne, on a pourvu à tous les besoins des détenus... Puis, c'est la Valse renversée, la Valse en l'air, la Valse tourbillon, d'une audace à faire frémir. Mais, me direz-vous, nous avons déjà vu ça aux Folies-Bergère les Dante ou le quartette Darto. — Non, vous répondrai-je, c'est cela, et c'est plus fort que cela! C'est, dans le genre, ce que nous connaissons de plus étonnant, et je n'ai pas de meilleur conseil à vous donner que d'aller applaudir les extraordinaires acrobates qui vont faire courir tout Paris à Parisiana. Passons au second acte, et notons-y une scène inédite — et certes l'inédit est quelque chose en matière de revue — le duel entre M. Sarcey et Mlle Yvette Guilbert. D'abord, duel de chansons Yvette attaquant notre Oncle sur les airs de son répertoire, et notre Oncle lui répondant sur les vieux airs que chante Villé. Puis, les épées se croisent Yvette veut embrocher Francisque, mais le plastron du célèbre critique est bourré d'exemplaires des nombreux journaux où il écrit, et le voilà , des lors, invulnérable... La scène est spirituelle et amusante au possible, jouée à ravir par M. Gibard, une divette exhilarante, et par M. Girier. un Sarcey plus vrai que nature. Voilà les deux clous de la jolie soirée à laquelle nous conviaient ces habiles magiciens qui s'appellent les frères Isola ils suffiront au succès de la revue de MM. Gardel-Hervé, Briollet et Gerny. Félicitons, parmi leurs interprètes, MM. Jacquet et Plébins, qui ont du talent; Mlle Suzanne Derval, qui nous montre une jambe adorablement fine et beaucoup de bonne volonté, puis regrettons que M. Reschal — très distingué, c'est possible —ne daigne point mettre dans le rôle du compère un peu plus d'entrain et de gaieté. Allons, monsieur, un ont petit effort, pour nous contenter!... EDMOND STOULLIG. Autres spectacles de la semaine Porte-Saint-Martin Cyrano de Bergerac. — Variétés les Petites Barnett.— Ambigu Papa la Vertu. — Vaudeville le Calice. — Gaité La Fille de Ma-, dame Angot. — Théâtre des Nations Championnet. — Nouveautés le Contrôleur des wagons-lits. — Palais-Royal Place aux femmes. — Gymnase l'Amorceur.— Folies-Dramatiques les Quatre filles Aymon. — Bouffes-Parisiens le Soleil de minuit. — Déjazet A qui l'enfant ? — Cluny Charmant séjour. — Nouveau-Théâtre Aux Courses. Théâtres de quartier. — BOUFFES-DU-NORD la Belle Limonadière. — MONTMARTRE la Sorcière. — BELLEVILLE le Forgeron de Châteaudun — MONTPARNASSE le Chat bollé. — MONCEY Roger la Honte. — BATIGNOLLES la Bande à Fifi. — LES GOBELINS la Belle Gabrielle. — GRENELLE la Bande à Fifi. — LES TERNES les Deux Gosses. Concerts du dimanche 4 décembre Conservatoire.— Deuxième concert. — Symphonie en ut mineur Beethoven. — Quam dilecta, motet, version de M. C. Saint-Saëns Rameau. I. Air de soprano; II. Choeur; III. Air de ténor; IV. Air de basse et choeur, Mmes Lovano, Mathieu, MM. Affre, Sizes et Auguez. — Danse macabre, poème symphonique C. Saint-Saëns. — Pavane du seizième siècle X. — Symphonie en mi bémol, n° 32 Haydn. Le concert sera dirigé par M. Taffanel. Châtelet. — Jubilé de l'Association artistique 187318981 septième concert Colonne consacré aux oeuvres de Wagner. — Le Vaisseau-Fantôme, ouverture R. Wagner. — Les Maîtres Chanteurs, prélude du troisième acte R. Wagner. — Rienzi, prière R. Waggner, M. Vergnet. — Tristan et Yseult, prélude du troisième R. Wagner, cor anglais ; M. Bleuzet. — Lohengrin. grand duo R. Wagner, Mme Rose Caron. M. Vergnet. — Parsifal, prélude du premier acte R. Wagner. — Rèves R. Wagner, Mme Rose Caron. — Siegfried-Idyll R. Wagner. — La Walkyrie, premier acte, 3e scène R. Wagner, Siegmund, M. Emile Cazeneuve; Sieglinde, Mme Rose Caron. — Le Crépuscule des dieux, marche funèbre R. Wagner. — Le concert sera dirigé par M. Ed. Colonne. Cirque des Champs-Elysées. — Septième concert Lamoureux consacré à Berlioz. — Ouverture du Carnaval romain. — Roméo et Juliette, fragments 2e partie Roméo seul; Tristesse; Concert et bal; Grande fête chez Capulet. — L'Enfance du Christ, fragments ; a. Ouverture; b. Le Repos de la Sainte Famille, chanté par M. Engel; c. Trio des jeunes Ismaélites, exécuté par JIM. Bertram, Deschamps flûtes et M. Lundin harpe. — Marche au supplice, extrait de la Symphonie fantastique. — Les Troyens, fragments a. Air de Cassandre, chanté par Mme Jeanne Raunay; b. Chasse et orage, symphonie descriptive; c. Air de Didon, chanté par Mme Jeanne Raunay. — La Damnation de Faust, fragment a. Ballet des Sylphes; b. Invocation à la nature, chantée par M. Eugel; c. Marche hongroise. PROVINCE Angers. — La direction du théâtre tient, il faut l'espérer, un grand succès avec Aïda. L'oeuvre de Verdi montée avec un grand luxe de mise en scène est admirablement interprétée sous la direction de M. de la Chaussée, par Mmes Lloyd et Homer, dont la superbe voix a fait sensation, et par MM. Gautier, Seveilhac, Dinard et Déjardin. Le ballet, Mlles Damani, Bertrand et Bregalanti en tête, pent revendiquer une bonne part dans le succès. Les honneurs de la soirée, unique dans les annales de notre théâtre, reviennent à Mlle Lloyd, 774 LE MONDE ARTISTE excellente de la première à la dernière mesure d'Aïda. La presse est unanime à féliciter M. Jules Breton auquel, à l'issue de la première, le public a fait une ovation des plus enthousiastes. La semaine a été très musicale et très artistique. Nous avons eu M. Bordes et les chanteurs de SaintGervais qui ont obtenu un éclatant succès. L'on a beaucoup applaudi Mme Jeanne Raunay dans la Ville de Jephté et le Renouveau, très belle mélodie de Castillon. L'orchestre nons a donné, sous la direction de son jeune chef, M. E. Brahy, une admirable exécution du prélude de Lohengrin et la suite en ré majeur de Bach. Je dois noter, pour être complet, une belle interprétation par M. Reuland, violoncelle solo des concerts, du Kol-Nidrei de Max Bruck. En résumé, superbe manifestation artistique et salle comble. Même affluence de public au concert du dimanche 27, donné sous la direction de M. Ch. Widor, acclamé comme chef d'orchestre et comme compositeur. Il a magistralement conduit le concerto de Bach pour piano, violon et flûte. Les interprètes étaient MM. Philipp, Lemaître et Schreurs. L'éminent pianiste a de plus joué la belle Fantaisie de M. Widor dont l'Ouverture espagnole a été particulièrement goûtée. Très applaudies, la seconde surtout, les deux petites pièces de M. Philipp, finement instrumentées par M. Ch. Malherbe. Je dois mentionner encore l'ovation faite à M. Dinard, après une magnifique interprétation des airs de la Flûte enchantée et de la Reine de Saba. Le concert se terminait par l'ouverture d'Obéron qui a été un beau succès pour l'orchestre et M. E. Brahy. LUDWIG. Lyon. — Grand-Théâtre. — Sur la scène de notre Grand-Théâtre, les reprises se succèdent en un mouvement précipité. Bientôt, tout le répertoire courant aura figuré sur l'affiche. La semaine dernière, nous avons eu Mireille, l'Africaine et Lakmé. Dans l'ouvrage du si regretté maître Gounod, j'ai beaucoup admiré la délicieuse façon que Mlle Mastio a mise à poétiser la douce Mireille, en même temps que la virtuosité de la chanteuse aux prises avec les difficultés vocales du rôle. A l'actif, gros succès. Vincent doit être un des meilleurs rôles de M. Gluck ; il s'y est montré chanteur de charme et s'y est justement et vigoureusement fait applaudir par la salle entière. Cette représentation a été une des plus homogènes de la saison, avec, en plus des deux principaux artistes, MM. Fuld, La Taste, Mmes Streliski et Véry. L'orchestre a délicatement nuancé les pages de cette admirable partition. L'Africaine, très en faveur auprès de notre public avait attiré la foule au soir de la reprise. Mlle Bossy a été une Sélika amusante, impressionnable et dramatique, communiquant a la salle ses sensations jusqu'à les lui faire partager. Cela s'appelle de l'art vrai, de l'art pur. Le rôle de Vasco de Gama convient bien à la vaillance de l'organe, de M. Ansaldi. Au quatrième acte, une ovation lui a été faite. M. Mondaud sait tirer parti des moindres avantages d'un rôle. De celui de Nélusko il a extrait la quintessence. On lui a redemandé la ballade. Bien touchante Mlle Mastio sous les traits de la malheureuse Inès. Cette artiste a sauvé le septuor d'une catastrophe. M. Sylvain, a obtenu son succès habituel. MM. Deville et Thomerieux ont complété le bon ensemble de cette représentation. Il convient de signaler une bonne reprise de Sigurd, dans laquelle Mmes Bossy, Tournié ; MM. Ansaldi, Sylvain et Mondaud ont récolté une ample moissons de bravos. Mme Bossy et M. Sylvain, les deux grands triomphateurs de cette soirée, ont été fêtés à l'envi. Le Sourd ou l'Auberge pleine, repris mardi dernier a été interprété d'une façon déplorable. Mieux vaut ne pas insister. M. Amalou, notre distingné chef d'orchestre, dont nous avons pu apprécier la science artistique vient, pour des raisons de santé, de demander à la direction de résilier son engagement. Dès que l'orchestre connut la décision de son chef et espérant par une marque unanime de sympathie le faire revenir sur sa décision, lui offrit à une représentation de Guillaume Tell une palme d'or. Le public joignant ses applaudissements à ceux de l'orchestre, une véritable ovation fut faite à M. Amalou qui, nous l'espérons encore, pour maintenir à notre orchestre sa réputation et pour la parfaite exécution des ouvrages, nous reviendra après quelque temps de repos. NODET. Marseille. — Grand-Théâtre. — M. Lan, notre aimable directeur, nous a donné pour son premier vendredi de gala, la reprise de Lohengrin, devant une salle magnifique. Tout le Marseille artistique assistait à cette belle représentation qui a été un nouveau triomphe pour l'excellent ténor M. Bucognani qui a chanté Lohengrin avec une impeccabilité de style et une pureté de voix qui lui ont valu plusieurs rappels enthousiastes. Mme Tournié Elsa, du Grand-Théâtre de Lyon, a produit une excellente impression. Mme Bourgeois Ortrude et M. Vallier le roi, ont contribué au bon ensemble de cette représentation. Les choeurs et l'orchestre ont droit à toutes nos félicitations. Par suite du départ de M. Layolle, notre regretté baryton de grand-opéra, nous avons entendu, dans la Favorite et dans Lohengrin, M. Ricardi, qui n'a pas fait oublier son prédécesseur. Reprises plutôt ternes de Lakmé, du Barbier de Séville, avec M. Leprestre, et du Maître de chapelle, pour le deuxième début de Mlle Féraud, dugazon. M. Desmet Nilakanta et Bazile a eu les honneurs de ces soirées. Pour passer prochainement les Huguenots, avec M. Cossira, Roméo et Juliette, avec M. Leprestre, et Pierre d'Aragon, opéra inédit dans lequel M. Bucognani créera le principal rôle. Théâtres de genre. — Aux Variétés Dégénérés, Mon enfant, avec Mmes Rose Syma et M. Caron, et deux amusantes fantaisies de M. Tristan Bernard Sylvérie et Franches lippées, ont fait les frais de la quinzaine écoulée. Au Gymnase, bonne reprise de Gigolette dans laquelle nous avons apprécié le talent de MM. Rolland et Krauss, et de Monte-Christo. A l'Aleazar Léon-Doux, continuation des brillantes représentations de Mlle Miette, de M. Ville et de Mlle Dora. Au Palais de Cristal, enfin, première de Forcès pas! revue locale luxueusement montée, qui aura une longue suite de représentations. E. GRAPH. Nice. — Grand Théâtre de l'Opéra. — L'ouverture de la saison a eu lieu dimanche soir la Juive a procuré un succès des plus légitimes à quelques-uns des artistes engagés par M. Eugène Lamare. Mme Litvinne personnifiait Rachel. Cette excellente falcon s'est placée immédiatement hors de pair, par ses incontestables qualités de cantatrice et son jeu si intelligent, si vrai! Peut-être M. Chaslan trouvera-t-il dans un autre ouvrage l'occasion de mériter nos éloges ! En attendant, nous constatons volontiers que, sous les traits d'Eléazar, il a eu quelques bons moments. Mlle Jeanne Frandaz LE MONDE ARTISTE 775 la princesse Eudoxie a conquis d'emblée les faveurs du public cette jeune artiste dirige avec une impeccable méthode une voix cristalline dont les douces inflexions nous ont complètement séduit. Si M. Rouziéri jouait un peu plus le rôle de Léopold, nous serions heureux de le complimenter. M. Louyrette le cardinal de Brogni s'est fait beaucoup applaudir dans la cavatine du premier acte et l'anathème du troisième. L'organe bien timbré de M. Mézy a donné un grand intérêt aux courtes phrases de Ruggiero. L'orchestre, sous la direction de M. Rey, a eu de la cohésion. Nous espérons que ce chef fera tous ses efforts pour maintenir sa phalange au niveau élevé où l'avait placée M. Alexandre Luigini, son très regretté prédécesseur. Au premier jour l'Africaine et Sigurd. Nous venons à remercier M. Spranck, le nouveau secrétaire général de l'Opéra, de l'accueil très courtois qu'il a réservé au représentant du Monde Artiste. Casino Municipal. — La troupe de M. Louis Tessier, directeur administrateur de notre seconde scène, est ainsi composée Administration MM. Caunes-Briant, régisseur général ; Méry, secrétaire général ; Douchet, régisseur de la scène. Opéra-comique. —MM. Leprestre, Delmas, premiers ténors légers en représentations; Duncan, ténor; Dancrais, deuxième ténor léger ; Tricot, Cadio, barytons en tous genres; Olive Roger, première basse chantante; Aristide, deuxième basse des premières ; E. Lary, trial ; E. George, Montclair, laruettes ; Delahaye, jeune trial. Mmes Bréjean-Gravière, Leclerc, premières chanteuses en représentations; Ketten, mezzo-soprano en représentations ; Luce, deuxième dugazon des premières ; Bresson, deuxième dugazon; Fleury-Pilliard, duègne, mère dugazon. Répertoire Werther, Manon, Mignon, Lakmé, Mireille, le Barbier de Séville, le Pré aux Clercs, le Voyage en Chine, Zampa, Carmen, Haydée ou le Secret, les Dragons de Villars, les Diamants de la Couronne, la Dame Blanche, le Brasseur de Preston, le Maçon, l'Etoile du Nord, Giralda, la Part du Diable. Artistes en représentations Mme Bréjean-Gravière, du Théâtre-National de l'Opéra-Comique ; Mlle Rosalie Lambrecht, du Théâtre des Bouffes Parisiens Paris ; Mlle Leclerc, du Théâtre National de l'Opéra-Comique ; M. Leprestre, du Théâtre National de l'Opéra-Comique ; Mlle Cécile Ketten, du Grand Théâtre de Bordeaux ; M. Delmas, du Théâtre National de l'Opéra-Comique. Opérette. — MM. Duncan, premier ténor ; Dancrais, premier ténor en double ; E. Lary, ténor comique ; Delahaye, ténor comique, trial ; Tricot, baryton ; Cadio, baryton; Dumas, baryton en double; E. George, grand premier comique ; Montclair, grand premier comique en tous genres ; Aristide, basse bouffe ; Douchet, premier comique ; Levalois, deuxième comique; Duval, comique marqué; Deplanque, comique grime. Mmes Rosalia Lambrecht, première chanteuse en représentations ; Morin, première chanteuse; RenéeMarcelle, première chanteuse ; Stemma, première chanteuse, forte seconde ; Luce, deuxième chanteuse des premières; Bresson, deuxième chanteuse; Nénot, deuxième chanteuse ; Fleury-Pilliard, desclauzas ; E. Perrier, deuxième duègne ; Ferrière, troisième chanteuse ; Lizzi, troisième chanteuse. 60 choristes, hommes et dames. Répertoire. — Surcouff, les P'tites Michu, BarbeBleue, la Belle Hélène, le Voyage de Suzette, le Baron de Tzigane, Ali-Baba, Rip, Miss Helyett, l'Enlèvement de la tolédad, la Fille du Mme Angol, Boccace, GirofléGirofla, Mam'zelle Nitouche, Gilette de Narbonne, Mon Prince, le Maréchal Chaudron, les Mousquetaires au Convent, Toto, le Grand Mogol, la Cigale et la Fourmi, le Petit Duc, les 28 jours de Clairette, la Fille du Tambour-Major, Mam'zelle Quatre sous. Ballet. — M. Léopold Roux, maître de ballet, premier danseur ; Mlle Nina Farina, danseuse étoile ; Mlle Rachel Fabris, danseuse demi-caractère ; Mlle Carlotta de Vincenzi. travestie ; M. Baglioni, premier mime. Deuxièmes danseuses Mlles Garbini, Gendre, Paoli, Berruto. Ballet composé de 34 danseuses. Orchestre de 70 musiciens, sous la direction de M. Gervasio, premier chef d'orchestre. Pendant la saison, représentations extraordinaires par des artistes de Paris. La première des Cloches de Corneville nous a laissé une fort bonne impression. Nous avons revu avec grand plaisir, après une absence de quelques années, l'experte comédienne et la charmante chanteuse qu'est Mme Morin. M. Cadio le marquis, que nous pouvons déjà classer parmi les favoris des habitués de notre seconde scène, montre le plus grand souci des nuances aussi le sympathique baryton a-t-il détaillé ses différents morceaux avec un art réel. M. Georges sait imprimer une saisissante allure à la silhouette du vieux Gaspard, mais nous aimerions à voir M. Aristide charger un peu moins sa caricature du bailli ! Enfin, M. Duncan met en relief le rôle de Grenicheux. EMILE CARRÉ. Le Monde Artiste est en vente à Nice, chez MM. Delrieu frères, 48, avenue de la Gare. Rouen. — Théâtre des Arts. — La période des débuts, touchant à sa fin, permet de reprendre le répertoire moderne ; aussi, c'est avec satisfactisn que nous avons pu entendre Sigurd dont l'interprétation a été très bonne. Mme Darlays dans Brunehild a remporté un grand succès. Le tempérament dramatique de cette artiste, aussi bien que l'ampleur et l'étendue de sa voix, lui sert à souhait, pour incarner la Walkyrie. Aussi ce n'a été qu'une suite d'ovations. Mme Eva Romain, dans le rôle d'Uta a été très applaudie et c'est à l'unanimité que le public a demandé son admission. M. Casset, que nous avions déjà entendu, il y a deux ans, dans ce même rôle de Sigurd, s'est montré l'artiste de goût que l'on sait. Le répertoire moderne lui est des plus favorables. M. Casset est certainement un de nos meilleurs ténors d'opéra. M. Stamler, baryton, a fait un bon premier début 'dans Gunther dont il a tenu le rôle avec correction. M. Bourgeois a été admis à son troisième début dans le rôle d'Hagen. Nous ne devons pas oublier M. Féraud de Saint-Pol, qui, dans le rôle du prêtre d'Odin, a fort bien dit la prière et l'invocation du deuxième acte. L'Amour médecin, l'opéra-comique de F. Poise, n'a pas eu tout le succès que l'on attendait. Mlle Deliane a remporté de nombreux applaudissement et peut compter un succès de plus. Tournée Lina-Munte. — Mme Lina Munte est venue nous donner la Tosca. Fort applaudie, principalement à la fin des troisième et cinquième actes, Mme Lina Munte a été rappelée plusieurs fois en scène. MM . Montlouis, Duforest et Vouthier qui entouraient Mme Munte, ont partagé avec elle les bravos du public. Théâtre-Français. — Le Contrôleur des wagons-lits, que nous avons eu cette semaine au Théâtre-Français, est très goûté des spectateurs qui se sont fort divertis à cette joyeuse comédie. Il faut dire aussi qu'elle est très bien jouée par M. Perrin qui a rendu le rôle de Godefroid avec une inénarrable fantaisie. 776 LE MONDE ARTISTE MM. Perriny, Chevalier et Ragonneau lui ont donné la réplique d'une façon fort convenable. Nous avons revu avec plaisir Mlle Gondy, dont le talent n'est plus à louer. Mme Andrieux, dans le rôle de la belle-mère, s'est montrée amusante sans pousser à l'exagération. N'oublions pas Mmes Lugal et Noré qui complètent cette excellente interprétation. Par le choix de ses pièces, M. Henrion est toujours sûr d'aller au-devant du succès ; aussi le public est-il enchanté de son initiative artistique. Folies-Bergère. — La réouverture annuelle s'est faite avec un programme nouveau. M. Maureth, le laringyloque, avec ses nouvelles créations se fait très applaudir chaque soir. Comme chanteurs comiques, Bloch et Montjoyeux se partagent les faveurs du public. Les Mannons, dans leur pantomime américaine, se montrent très drôles et terminent la soirée à la satisfaction générale. S. Saint-Etienne. — Le Festival Massenet, donné au Conservatoire de notre ville le 21 novembre, a obtenu un succès qui a pris les proportions d'un véritable triomphe pour le maître et les interprètes. L'auteur de Manon avait été reçu à la gare de sa ville natale par toutes les sociétés musicales du département de la Loire. L'orchestre de l'Association symphonique, composé do 60 musiciens et dont le directeur est M. Rachet, a fait merveille sous la direction de Massenet, en exécutant l'ouverture de Phèdre, le menuet de Manon, l'entr'acte Sevillana de Don César de Bazan, des fragments du ballet du Cid, la méditation de Thaïs, avec solo de violon par M. Gabriel Lefebvre, et les Scènes napolitaines. Mais le grand succès de cette magnifique séance musicale a été remporté par Mme Georges Marty qui, de sa voix pure, souple et admirablement stylée, a chanté Amoureuse, Noël païen, l'air de Marie-Magdeleine, Enchantement, les Enfants et enfin Je t'aime! délicieuse mélodie qui n'était point portée au programme, et qu'elle détailla exquisement pour le bis réclamé par toute l'assistance. J. D. Toulouse. — Théâtre du Capitole. — Ainsi que je le faisais pressentir dans une de mes précédentes chroniques, l'état de santé de M. Barthe, baryton de grand opéra, ne s'étant pas amélioré, cet artiste a résilié son engagement. Dans Hamlet, qui était donné mardi dernier et dans Rigoletto que l'on reprenait vendredi, Mme Blancard, contralto, a terminé ses débuts et a été admise sans la moindre opposition. J'ai déjà dit ce que je pensais de son organe, je n'ai donc pas à y revenir, si ce n'est encore pour constater combien le registre grave est d'un joli timbre. La Juive a reparu sur l'affiche jeudi, pour les premiers débute de M. Moisson, fort ténor, et de Mme Lematte-Scheweyer Lematte-Scheweyer chanteuse falcon. La voix de M. Moisson est petite, de volume et de timbre, mais le chanteur est adroit. Gardons-nous de pousser plus loin nos appréciations, nous dérogerions à nos habitudes en en disant davantage après une seule audition. Nous avons eu déjà , dans le même emploi, il y a quatre ou cinq ans, Mme Lematte. Elle nous revient avec ses belles qualités de tragédienne lyrique, mais dans Rachel l'organe ne nous a pas paru être bien d'aplomb, il vaut mieux réserver entièrement une plus saine appréciation que vous trouverez dans ma prochaine chronique, car cette semaine Mme Lematte et M. Moisson subiront leurs deux autres épreuves dans l'Africaine et les Huguenots. Théâtre des Variétés. — Mlle Suzanne Devoyod, l'artiste bien connue, vient de faire encaisser de sérieuses recettes à la direction en jouant avec un talent incontestable Viveurs et Zaza. Je n'ai pas à , discuter le mérite de ces deux pièces, la chose ayant été faite, dans ce journal, de si supérieure façon par M. E. Stoullig, je n'ai qu'à enregistrer le succès fait à l'artiste en vedette, ainsi qu'aux pensionnaires de M. d'Albert. Théâtre-français. — Ce théâtre a donné cette semaine les Danicheff, dans lesquels MM. Charny, Bénédict, Joffre, ainsi que Mmes Boyer, Sandre et Deska se sont fait applaudir. Quand aux rôles secondaires, qui nuisent à l'interprétation dans son ensemble, ils tombent sous le coup de la critique et, par amabilité toute pure, nous ne les nommerons pas. On annonce la prochaine première représentation de l'Aînée de M. Jules Lemaître. O. GUIRAUD. Comme supplément musical, nos abonnés recevront avec le présent numéro RÊVE DE JEUNE FILLE» pour piano, par Ernest Gillet. ETRANGER Gand. — Grand-Théâtre. — Un nouveau fort ténor, M. Henriot, nous a été présenté dans Hérodiade et Lucie de Lammermoor, mais nous serions bien embarrassé de définir exactement l'impression qu'il y a produite sans être excellente, elle n'est pas défavorable, c'est tout ce que nous en dirons pour le moment, sous réserve d'être plus explicite après une troisième audition ; il n'est pas défendu d'attendre, et il est toujours agréable d'espérer. Donc, pour faire diversion, M. Martini s'est jeté dans les bras de Lucie de Lammermoor avec la sérénité de l'homme qui accomplit un devoir; et c'est ainsi que la petite vieille, secouant la poussière de ses jupes défraîchies, nous est survenue inopinément au cours de la quinzaine finissante. Les artistes qui nous la présentent cette année ont heureusement la foi qui sauve, et cette foi, doublée chez quelques-uns d'expérience et de talent, a sauvé la revenante de l'indifférence et du dédain. Mme Conti-Bossy, qui a de si nombreuses devancières dans le rôle de la mélancolique écossaise, en est certes l'une des meilleures interprètes que nous ayons connues ici elle le chante délicieusement, égrenant des notes perlées, roulant des trilles de rossignol avec une virtuosité et une sûreté extrêmes; de son côté, M. Georges Lafon rend son personnage d'Asthon avec une science consommée des traditions qui l'ont établi; quant à M. Depère Arthur, les seconds ténors d'opéra ne sont pas son affaire il ne se trouve à sa place que dans l'opérette. L'opéra-coimique est, toujours dans le désurroi pas de chanteuse légère, Mlle Cherubini ayant résilié; et en présence de l'hostilité dont le poursuit un clan d'irréconciliables, M. Lesbros, le ténor léger, va partir, lui aussi demain peut-être le regrettera-t-on. Mais s'il s'emporte parfois comme une soupe au lait, le public gantois a, par contre, ses moments de bonne humeur énorme il l'a bien fait voir à la reprise des 28 jours de Clairette, avec Mmes Edeliny, Dailly, Valdy, MM. Roussel, Mordet, Dailly, Rouyer, Depère, Lamberly, Vanderhaegen chacun d'eux y mettant du sien, l'interprétation toute de bonne gaieté fait rire les plus moroses et les plus atrabilaires. LE MONDE ARTISTE 777 Une troupe de passage, en une soirée qui comptera parmi les plus intéressantes de la saison, nous a interprété l'Arlésienne, de Daudet et Bizet, aussi bien qu'on peut l'interpréter loin de Paris, au grand ravissement d'une salle brillante qui a fait aux excellents artistes ovations sur ovations. M. Paul Mounet semble créé pour incarner Balthazard, auquel il donne une physionomie dessinée avec un art supérieur, Mme Pauline Patry fait tressaillir d'un grand sentiment le personnage de la mère Marnai; et MM. Perrin Frédéri, Chambly Marc, Daurelly Mitifio, René Robert Francet Mamaï, A Lévy l'Equipage, Mmes Torna Vivette, M. Patry l'Innocent et Gaillar Renaude, se tirent avec une habileté très sûre et une artistique intelligence de leurs rôles respectifs. Nous pouvons à ces éloges associer aussi l'orchestre et les choeurs qui, sous la direction de M. Bovy, ont exécuté avec une irréprochable conscience la partie musicale de cette oeuvre si belle en son émouvante simplicité. GÉBÉ. Milan. — Tandis qu'au Lirico, la Fedora du jeune maestro Giordano continuait sa glorieuse carrière on donnait enfin, au Costanzi de Rome, la première du nouvel opéra de Mascagni Iris. Le livret de Luigi Illica n'est pas inconnu de vos lecteurs ; je l'ai détaillé naguère et je ne ferai que rappeler succintement l'épisode peu compliqué qui a servi de thème au compositeur. Osaka, jeune seigneur japonais libertin, que l'extraordinaire beauté d'Iris a frappé, veut enlever la pauvre enfant dont le vieux père est aveugle. Dans ce but, il organise, de concert avec Ryolo, un mauvais drôle, une représentation théâtrale, devant la maison d'Iris et tandis que la foule s'intéresse au jeu des marionnettes, Osaka enlève Iris. Le vieux père, laissé seul et averti du départ de sa fille bien-aimée, va à la ville et c'est dans une Maison verte qu'il retrouve Iris. Celle-ci, atterrée, folle de honte et de chagrin, court vers une fenêtre et se précipite dans le vide. On la retrouve à terre, pantelante, blessée à mort. Dans sa fièvre dernière, elle chante au soleil et parmi les chrysanthèmes retombe après un effort, et rend son dernier soupir. C'est devant une foule énorme qu'on a donné la première de ce nouvel ouvrage. Parmi l'assistance, on remarquait la reine, le prince et la princesse de Naples, le duc d'Aoste ainsi que toutes les notabilités du monde politique et diplomatique, beaucoup d'artistes et quantité de journalistes. L'introduction symphonique et chorale a provoqué les applaudissements vigoureux. Mascagni qui dirigeait remercia après avoir accordé le bis. Le premier air d'Iris passa sous silence ainsi que le choeurs des lavandières. A la scène suivante, une tentative d'applaudissements demeura sans échos. La sérénade du ténor, une chanson de type méridional, remarquablement chantée par M. De Lucia, provoqua de nouveaux applaudissements et obtint un bix. Le finale, assez dramatique, valut deux rappels aux exécutants et au maître et un rappel seul à Mascagni. Le public a suivi la première partie du second acte avec beaucoup d'intérêt mais sans applaudir. Le grand duo d'amour obtint un succès croissant ; la ballade, admirablement chantée par Mme Darclée, fut bissée unanimement ainsi que la grande phrase de De Lucia. Toutes les scènes suivantes furent très goûtées et le grand concerto final produisit un effet magistral. Au troisième acte, la première partie ne parut pas satisfaire l'auditoire ; quelques signes de réprobation furent donnés, mais quand l'orchestre reprit l'idée de l'introduction, le succès revint et la scène finale des fleurs fut bien accueillie. L'orchestre a joué divinement, la mise en scène était superbe. En somme, Iris est un succès assez sérieux, mais en plus d'un endroit cette oeuvre a désappointé les admirateurs de Mascagni. A signaler les Déserteurs, drame de G. Boffico, qui vient d'être jouer au Manzoni de Milan, encore que le succès de cette pièce est assez douteux. Le public a été sévère pour les Déserteurs dont la forme lente et prolixe ne convient pas au goût moderne. Cyrano de Bergerac a été fort applaudi au Filodrammatici. L'oeuvre de Rostand, si variée et si complexe sous la tessiture légère des vers, a été appréciée selon ses mérites, et la mélancolique figure de Cyrano, bon, génial, malheureux et généreux à la fois, est apparue comme le type d'un Don Quichotte mâtiné de Tartarin, mais plaisante et troublante aussi. ASCANIO. Londres. — La Société des professeurs de français a célébré samedi dernier son 17e anniversaire, par un banquet auquel ont pris part 150 personnes sous la présidence de M. Lequeux, consul général de France à Londres. Cette soirée tout intime a réuni les principaux professeurs en Angleterre et de nombreux amis de la France; de politique, il n'en a pas été question, mais tous les orateurs se sont plu à constater que les relations cordiales entre les deux nations les plus civilisées du monde ne peuvent être faussées par des politiciens professionnels ou des journaux irresponsables. Le programme musical, sous l'habile direction de M. Léon Schlesinger, qui, depuis l'inauguration de la Société, s'occupe de la partie artistique de ses réunions, a été fort goûté. M. Zeldewinst, doué d'une fort belle voix s'est fait bisser et trisser dans l'air d'Hérodiade, de Massenet. Mlle Ferdinand a interprété la romance charmante de Léon Schlesinger Plus ne verrai mon doux ami, avec une finesse exquise. A citer aussi deux chansonnettes délicieuses, Révérences de Clérice, le jeune compositeur du Royal Star, l'opérette en vogue au Prince of Wales Theatre et Capucin et Capucine d'Audran, fort bien chantées par Mme Rorke. Mlle Milo, du Palais-Royal, a dit le Nid abandonné de Nadaud avec une expression et une finesse que seule possède l'artiste parisienne. A citer parmi les nombreux convives M. Lequeux, consul général, M. Petillau, président de la Société, M. Vasselier, vice-président, M. Testard, ancien président, M. Barrère, professeur à l'école militaire de Woolwich, M. Minssen, de l'école de Harrow, M. Lassimonne de l'école militaire de Sandhurst, M. Paul Villars, du Figaro, M. Slevinski du Novroc-Vreymia de Saint-Pétersbourg, etc. B. L. O'DONNELL. Vienne. — Cette semaine on a joué A l'Opéra Dimanche, Lohengrin; lundi, Djamileh ; mardi, Tannhäuser; mercredi, la Dame Blanche; jeudi, la Frcischulz ; vendredi, Fidelio ; samedi, Eccelsior. Au Burgtheater Dimanche, Poissons dorés ; lundi, Krieg im Frieden ; mardi, la Cloche engloutie ; mercredi, jeudi, samedi, le Testament ; vendredi, Faust 1re partie, Au Deutsches Volkstheater Dimanche, lundi, mercredi samedi, Im weissen Rössl ; mardi, Gens de cirque ; jeudi, Die Geschwister ; vendredi, Habsburg. Au Raimund Theater Dimanche, Das Riesenspielzeug ; lundi, Juana; mardi, jeudi, Fechtbrüder ; mercredi, le Maître de Forges ; vendredi, le Prodigue ; samedi, Marie Stuart. A l'Opéra, on a donné une brillante reprise de Manon. 778 LE MONDE ARTISTE Par suite du départ de M. Van Dyck, le principal rôle du chef-d'oeuvre de Massenet a été tenu par M. Naval. Le jeune ténor a superbement réussi. Après la scène à Saint-Sulpice, le public l'a acclamé ainsi que Mlle Renard, qui compte Manon parmi ses meilleurs rôles. M. Neidl, qui jouait pour la première fois le rôle de Lescaut, s'est taillé un réel succès. Pendant les entr'actes, les habitués parlaient beaucoup du nouveau morceau intercalé par Massenet dans le rôle de Manon. On réentendra ce morceau chez nous lors d'une des prochaines représentations de Manon, qui reprend sa place au répertoire courant de l'Opéra impérial, ainsi que Werther, qu'on a dernièrement repris, également avec Mlle Renard et M. Naval. Au théâtre An der Wien, on vient de jouer avec succès une opérette inédite intitulée Mademoiselle la sorcière, paroles de MM. Willner et Buchbinder, musique de M. Joseph Bayer. Un lied de cet agréable compositeur qui se trouve intercalé dans l'opérette semble dès maintenant destiné à une grande popularité. Au dernier concert de la Société des amis de la musique, a Vienne, on a entendu pour la première fois une composition inédite de Carl Goldmark le 113e psaume pour choeur mixte et orchestre. Un accueil chaleureux a été fait à cet ouvrage. Antoine Dvorak, le célèbre compositeur tchèque vient de célébrer le 25e anniversaire de son mariage. A cette occasion il a reçu beaucoup de cadeaux et de nombreuses marques de sympathie. KUNSTLER. NOTES ET INFORMATIONS — A l'Opéra. Les répétitions de Gautier d'Aquitaine n'ont lieu le soir que trois fois par semaine, le mardi, le jeudi et le dimanche. Ce soir on répétera l'ouvrage d'affilée; mardi et jeudi auront lieu les premières répétitions générales. Les bruits de coulisse — comme l'on dit vulgairement — sont très favorables à la nouvelle partition de M. Paul Vidal ; on la dit d'une inspiration charmante, pleine d'idées claires, mises en relief par une orchestration délicate. Le public en jugera d'ici une dizaine de jours. — A l'Opéra-Comique. La fin des représentations données par M. Albert Carré au Château-d'Eau a marqué une recrudescence dans les études, à la salle Favart. On répète maintenant le jour et le soir les spectacles d'ouverture Carmen, Lakmé et Manon. C'est M. Massenel qui vendredi a dirigé les études de son oeuvre. Comme nous l'avions fait pressentir, le protocole » a renoncé à la distribution des places pour la soirée de gala. Débordé par les demandes harcelé par les solliciteurs, il a remis ce service à l'Administration de l'Opéra-Comique qui a décidé de convoquer la critique demain ou après-demain à la répétition générale de Carmen, et de réserver quelques places aux journaux, à la soirée officielle de mercredi. De plus, un service sera l'ait à la critique pour les représentations qui suivront lu réouverture Le Président de lu République a manifesté l'intention d'assister à la soirée de gala, et il aura pour invites le grand-duc Vladimir et la grande duchesse Marie-Pawlovna. — A la Comédie-Française. M. Jean Aicard a lu son Othello à ses futurs interprètes. C'est M. Mounet-Sully qui jouera le rôle d'Othello et M. Paul Mounet, celui d'Yago. Quant au rôle de Desdémone, il est destiné à Mlle Lara. Le cinquième acte de cet ouvrage, qui avait été reçu par le comité sous la direction de M. Emile Perrin, fut donné une fois, par extraordinaire, dans la représentation de retraite de Bressant. Ce cinquième acte était joué par M. Mounet-Sully Othello et Mme Sarah Bernhard Desdémone. Le départ brusque de la tragédienne de la Comédie Française empêcha M. Perrin à cette époque de monter dans son entier l'oeuvre de M. Aicard, que l'on dédommagea, quelques années après, par la représentation de Smilis. Les comités de lecture reprendront cette semaine; voici la nomenclature des ouvrages admis à la lecture Pièces en un acte. — L'Abeille, comédie en prose, de M. Signoret l'Américaine, un acte en prose, de M. Salandri Don Quichotte et Bon Juan, un acte en vers, de M. Lucien Empis ; l'Etoile, un acte en vers, de M. Paul Grugé. Pièce en deux actes. — Le Ménage Chamelle, comédie en prose, de MM. Cressonnois et Eugène Gugenheim. Pièces en trois actes. — La Bru, comédie en prose, de MM. Paul Bilhaud et Michel Carré ; une pièce en vers, de M. Morand ; titre pas encore arrêté ; la Bonne Hôtesse, comédie en prose, de MM. Janvier de La Motte et Marcel Ballot. Pièces en quatre actes. — Esclave, en prose, de M. G. Schefer; les Ronces, drame en vers, de M. Claude Muriel; Madame Chantereau, comédie en prose, de M. V. Jannet; le Mirage, comédie en vers, de M. Bodenbach, tirée de Bruges la Morte. Pièces en cinq actes. — Les Conquérants, drame en vers, de MM. Samson et Charles Raymond ; Marie Stuart, drame en vers, de M. Alfred Dubout ; Richard III de Shakespeare, drame en vers, de MM. Armand Silvestre et G. Bois ; Roméo et Juliette de Shakespeare, pièce en vers, de M. Henriquel. Cela fait au total cinquante et un actes ! — Ephémérides. Le 23 novembre, à Sorrente 1885, mort de Raphaël Mirate, célèbre ténor. Il débuta au Théâtre Nuovo de Naples dans Torquato Tasso de Donizetti. En 1840, il chanta à la Scala de Milan et se retira de la scène en 1860. Il mourut à l'âge de soixante-dix ans. Le 28 novembre, à Togliano Dergame 1813, naissance de Ignazio Marini, basse chantante renommée. Il débuta tout jeune à Brescia, passa à la Scala de Milan où il resta plusieurs années, puis continua une brillante carrière en jouant avec beaucoup de succès l'ltaliana in Algeria, Moise, les Huguenots etc. Verdi écrivit pour lui Attila. Il mourut à Milan le 20 avril 1873. Le 30 novembre, à Santo Doralo 1785, mort de Gaetano Majorano, chanteur réputé connu sous le nom de Callarelli. Il débuta en 1724 au théâtre Valle de Rome et après une longue et brillante carrière, il se retira à Naples dans un magnifique palais. Il était né à Bari le 10 avril 1703. LE MONDE ARTISTE 779 — Grand spectacle à Vevey. Nous avons eu l'occasion de parler souvent des grands spectacles en plein air qui sont donnés en . Hollande, en Allemagne et tout particulièrement en Suisse. Parmi ces spectacles, le plus grandiose est certainement la fête des Vignerons qui se célèbre à Vevey tous les 10 ans et qui sera donné l'an prochain. L'origine de cette manifestation populaire et artistique remonte à la première moitié du XVIIe siècle. En 1889, l'oeuvre musicale exécutée avait été composée par un musicien éminent, Hugo de Senger, dont les qualités de coeur et d'esprit n'avaient d'égales que sa science pure et son admiration respectueuse envers les grands maîtres de toutes les écoles. Cette oeuvre était intitulée Célébration des Saisons. Elle comprenait vingt-neuf morceaux différents et constituait une véritable partition avec marches, choeurs, invocations, ballets, chansons, bacchanales, valses et hymne final. Nous ne savons pas encore qui sera chargé de composer une oeuvre nouvelle pour la prochaine fête, mais comme de coutume les chants traditionnels seront interprétés par une foule énorme de femmes et d'hommes, tous vêtus de costumes historiques et caractéristiques. Le cortège se compose des groupes qui suivent Cérès, Bacehus, Silène et son âne. On voit également un cortège nuptial villageois. Autour des personnages principaux s'agitent des faunes, des bacchantes, des moissonneurs et moissonneuses, puis tous les corps de métiers qui de près ou de loin touchent au Vin, à commencer par les vignerons pour finir par les tonneliers. La fête dure cinq jours et comprend non seulement des chants et des danses, mais encore des comédies allégoriques. Souhaitons pour ceux qui s'intéressent à l'art populaire que la prochaine Fête des vignerons obtienne le même succès qu'en 1889, date inoubliable parmi les Vaudois, tant fut admirable l'exécution de l'oeuvre du regretté compositeur Hugo de Senger. — Bacheliers ès musique. Dans les Universités d'Oxford et de Cambridge, depuis cinq siècles environ, le diplôme de bachelier es musique était acquis après un seul examen. On sait que pour obtenir les diplômes correspondants en lettres et en sciences il faut séjourner quatre ans environ à l'Université. En 1892, l'université de Cambridge décida d'exiger la résidence pour l'obtention du diplôme de bachelier en musique. Il en est résulté que depuis six ans, deux candidats en tout se sont présentés à l'examen de musique à Cambridge. Les musiciens n'ont généralement, en effet, ni le temps ni les moyens de suivre le cours complet d'études à l'Université. La vie y est fort chère et les frais d'inscription sont très élevés, Mais il y a plus. Le jeune musicien pourrait-il consacrer quatre années à des études autres que celle de la musique qu'il lui serait encore impossible d'entrer a Cambridge. . De l'avis de tous, l'enseignement musical qu'on y donne est tout à fait insuffisant. L'nniversité d'Oxford, à l'exemple de celle de Cambridge, a manifesté l'intention d'exiger des candidats aux baccalauréats en musique l'inscription a tous les cours de l'université. Il faut, suivant elle, qu'un musicien soit également instruit dans toutes les branches du savoir humain. Les autorités d'Oxford ont peut-être raison en théorie. Dans la pratique, l'exemple de Cambridge montre qu'elles auraient tort. Elles l'ont du reste compris. L'université d'Oxford vient en effet de renoncer à son projet. — Complet état de bonheur. L'illustre William Ornons, le poète vagabond, déjà condamné mille fois pour ivresse publique et tapage, est sorti de prison dernièrement, en province, et s'est empressé de gagner Londres, où il a été arrêté de nouveau, ces jours-ci, dans cet état que les Anglais qualifient volontiers de complete state of happiness ». A dix heures et demie, il comparaissait devant le magistrat de la cour de police de la Tamise, qui lui infligeait une nouvelle sentence de trente jours d'emprisonnement. Comme ce magistrat, M. Mead, employait sa meilleure éloquence a persuader au condamné qu'il se perdait de réputation et qu'il serait temps pour lui d'adopter un genre de vie moins compromettant, William Onions l'a interrompu pour répondre Mon Dieu! Votre Honneur, ce n'est pas à nos âges qu'on change ses habitudes. Si l'on vous forçait, du jour au lendemain, à boire comme un trou, il y a lieu de craindre que vous vous en trouveriez fort mal. Il en serait de même pour moi si j'étais réduit à ne plus boire que du thé. Je ne trouve l'inspiration que dans l'alcool, comme lord Byron et Alfred de Musset. Obéissons tous deux à notre destinée... » Le juge n'a pas insisté. — Les wagons-Théâtres. Naguère nous avons entendu parler des bateauxconcerts inaugurés en Amérique. C'est du même pays que nous viennent aujourd'hui les wagons-théâtres. Cela fait suite aux wagons-bars, aux wagons-restaurants, et aux wagons-lits. Une Compagnie de chemins de fer de New-York vient de décider d'ajouter à ses trains express — dont les voitures sont toutes à couloirs centraux — un wagon spécial qui n'est qu'une réduction minuscule d'une salle de théâtre fauteuils d'orchestre, loges, balcon pas de paradis. Une petite scène, un orchestre composé d'un piano, d'un piston et d'une flûte. Cinquante à soixante places.. Au départ, les voyageurs peuvent prendre des billets pour une ou plusieurs représentations, car on jouera durant tout le trajet. Naturellement, on ne représentera que des saynètes et des vaudevilles en un acte et Yankee doodle doodte do ! , Les premiers theater-cars sont places sous la direction de l'imprésario bien connu John Harley; L'entreprise s'annonce comme un grand succès. — L'excentricité des musiciens. A notre époque documentaire, il est singulier qu'on ne se soit pas inquiété de noter les excentricités coutumières à chaque musicien contemporain. Il eut été curieux de les mettre en parallèle avec celles des compositeurs disparus et qui tous ont laissé un renom de bizarrerie. Pour ne citer que quelques cas d'excentricités célèbres nous rappellerons que Rossini était passionné de macaroni et qu'il se vantait de savoir préparer cet aliment d'une manière spéciale. Il était plus orgueilleux de son talent culinaire que de ses oeuvres musicales. 780 LE MONDE ARTISTE Haydn, sobre et régulier, se poudrait, endossait l'habit de gala comme s'il devait se rendre à la Cour et, dans cet appareil, composait ses mélodies. Méhul, au contraire, était assez débraillé et travaillait en face d'un crâne posé sur son piano; Händel avait toujours à côté de lui une bouteille de vin généreux; Sarti, composait dans une grande salle voûtée et obscure le silence de la nuit, la lumière basse d'une lampe étaient indispensables pour son travail solennel et ses graves pensées. Cimarosa avait besoin d'être excité par une conversation animée; on rapporte qu'il écrivit au milieu d'amis enjoués ses deux principales oeuvres Les Horaces et le Secret matrimonial. Enfin Wagner avait la folie des étoffes riches, aux couleurs rutilantes, et il jouait aussi du costume aux heures d'inspiration. Il reste, nous le répétons à noter les excentricités des musiciens modernes. Pour être différentes des anciennes, elles ne doivent pas en être moins caractéristiques. — A toi, Tartarin! Dernièrement, un dompteur ambulant venait s'installer avec une ménagerie assez importante, à Beckenham Park, près de Londres, et après avoir obtenu l'autorisation de la police, il commença , ses représentations. Durant cinq jours tout alla bien. Le public affluait, les recettes étaient bonnes, les fournisseurs de l'endroit ne tarissaient point d'éloges sur l'adminislration de la ménagerie qui payait rubis sur l'ongle. Et voilà qu'un beau matin, sans annonce préalable, le dompteur elles fauves avaient disparu. On apprit bientôt, par l'indiscrélion d'un palefrenier, que la veille, entre deux et trois heures du matin, un lion avait réussi à s'échapper de sa cage et s'était enfui dans la campagne. Une compagnie d'infanterie fut appelée de Londres ainsi qu'une batterie d'artillerie de Woolwich. On organisa une battue mais en vain. Les heures passèrent et la confiance revint dans les esprits. Mais le surlendemain, deux enfants encore tremblants de peur, racontèrent qu'ils avaient vu le fauve en sortant d'un public house où ils étaient allés chercher de la bière pour le repas du soir. Nouvelle frayeur des habitants. Quelques hommes courageux se portèrent à la rencontre du lion et ne le trouvèrent point. Des troupes réquisitionnées de nouveau n'ont point obtenu de résultats et tout Beckenbam songe sérieusement à s'adresser à la sagacité bien connue de Tartarin de Tarascon!.. — Les oreilles et la musique. _ La forme de nos oreilles est-elle musicale? C'est là une question que feront bien d'observer attentivement les musiciens un herbe, qu'ils soient chanteurs, compositeurs ou exécutants, avant de se lancer dans la carrière artistique. Et cela parce que si leurs oreilles ont une forme réellement harmonieuse ils réussiront, autrement l'insuccès est certain. Cette théorie est tirée d'une étude publiée par la Deutsche medicinische Wochenscrift. L'auteur de l'article est le docteur Gerber, professeur agrégé à l'Université de Konigsbert; lequel prétend qu'il existe des rapports étroits entre le sens musical et les circonvolutions du pavillon de l'oreille. Il a étudié les oreilles de Mozart d'après un portrait qui se trouve au Musée de Salzburg et il déduit de ses observations que l'oreille d'un véritable véritable en harmonie doit être plus longue que large, peu épaisse et de lignes régulières. Les futurs musiciens profiteront-ils de ces précieuses indications ? — Fregoli à Berlin. Les journaux allemands nous apprennent que le célèbre transformiste a mis en révolution la capitale d'Outre-Rhin. Par son art singulier et vraiment extraordinaire, Fregoli a conquis immédiatement un public de directeurs de théâtres, de critiques, de littérateurs, d'artistes sans oublier la sévère Aristarque de l'Allgemeine Zeitung. L'Association de la presse a offert à Fregoli une soirée en son honneur dans ses vastes salons et l'artiste italien a soulevé l'enthousiasme du public. Mais le fait le plus important est celui-ci Après avoir donné un spectacle dans un théâtre excentrique devant le meilleur public de Berlin, Fregoli va conquérir les habitués du Nouveau Théâtre Impérial ; en effet, le Bertiner Lokal Anzeiger annonce que l'Empereur, de retour de son pèlerinage à Jérusalem, veut consacrer une heure au célèbre transformiste. — Rendons à César... Le premier piano vertical fut inventé en 1739 par Domenico del Mela, maître d'école à Gagliano. Cet instrument encore incomplet fut perfectionné vers 1745 par De Gera. Depuis, après de longues années, le piano est devenu, grâce aux progrès de l'outillage, l'instrument d'admirable précision que nous possédons de nos jours. Del Mela fut vite oublié; aussi, comme il arrive souvent, son invention fut attribuée à d'autres, et spécialement à des étrangers. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE Chez MARCHAL et BILLARD. — De la liberté de tester, par Henri Coulon. On sait à combien de réformes de nos lois, l'éminent avocat a apporté le concours de sa claire intelligence du droit il faut lire l'exposé des motifs et le projet de loi qu'il propose dans ce nouveau mémoire sur la liberté de tester. CHEZ HENRI MAY. — L'Allemagne 1810-1852, par M. E. Denis. Bibliothèque d'histoire illustrée. Chez ARMAND COLIN. — Mayotte, par Breen. Roman pour les jeunes filles. Chez CALMANN-LÉVY. — Le désir, journal d'un mari, par Eugène Delard, très curieuse étude de psychologie ou de psychopathie conjugale. Chez VANIER. — Le poème du rêve, par Paul de Chabaleyret. — Le Curé d'Auriac, par François Battanchon. Chez FLAMMARION. — Mémoires fin d'empire, par Marie Colombier. — Les Lurons de la Jeanne, par Pierre Maël. Chez FASQUELLE. — Jésus et la religion d'Israël, par Jules Sarry. — La Kreutzer, par Edmond Deschaumes. Chez PLON. — Rome et la Renaissance, Jules II, par Julian Klaezko, avec dix gravures; Tout arrive, par Henri Ardel. LE MONDE ARTISTE 781 Chez FÉLIX ALCAN. — Psychologie du socialisme,, par Gustave Le Bon. CHEZ PAUL OLLENDORFF. — Un piège à flirts, par Jean Kermer. — Itinéraire fantaisiste, par Achille Segard. — Essai sur l'amour, par Eugène Montfort. L'oeuvre de Richard Wagner n'intéresse pas seulement l'histoire de la musique, mais d'une façon générale l'histoire de l'art et de la civilisation en Allemagne. Wagner, en effet, a créé une forme d'art nouvelle, le drame musical. Il a, dans des ouvrages de critique formulé en théories abstraites les lois de son drame et de l'art en général. Enfin il a médité sur l'éternel problème du sens de la vie et nous a communiqué ses idées sur la destinée humaine, soit dans ses drames, soit dans ses écrits théoriques. Il est, en un mot, non seulement un musicien dont on ne conteste plus guère aujourd'hui le génie, mais encore un dramaturge, un esthéticien, un penseur. C'est à ce triple point de vue que M. Lichtenberger l'étudie, dans son dernier ouvrage Richard Wagner, poète et penseur, publié chez Félix Alcan. L'auteur a suivi l'ordre chronologique des faits. Cet ordre s'impose aussi bien pour l'examen des drames que pour l'étude des opinions philosophiques de Richard Wagner qui ont subi des variations assez considérables aux diverses époques de sa vie. M. Lichtenberger s'est attaché plutôt à décrire qu'à juger, à constater des faits plutôt qu'à formuler des appréciations subjectives, en un mot à faire oeuvre d'historien et non de polémiste. La Revue Blanche vient de mettre en vente un nouveau roman de Robert Scheffer, Grève d'amour. Une captivante aventure passionnelle se déploie dans le cadre merveilleux qu'est le pays basque, avec ses belles plages de Biarritz à Hendaye, son horizon des Pyrénées. Un monde cosmopolite s'agite autour de Maïder, la tendre et tragique héroïne, séduit par la beauté ou par la fortune; ces curieux personnages nous sont présentés savoureusement et savamment. Des pages d'une ironie cinglante — telles celles sur le marin-académicien — succèdent, dans cette oeuvre étrange et belle, à des pages exquises d'amour. La Cour de cassation a en ce moment les honneurs de l'actualité. Comme toujours, on en parle beaucoup à tort et à travers et quantité d'opinions plus ou moins erronées sont en circulatiou sur son compte. Les personnes qui voudront avoir des idées exactes sur ce sujet trouveront, dans le fascicule de cette semaine du Nouveau Larousse illustré, un article très documenté et très précis qui leur permettra de parler en connaissance de cause de l'organisation de la cour suprême, de ses attributions, de son fonctionnement, des pourvois, de la procédure suivie, etc. Que d'erreurs et de jugements à la légère on éviterait si on avait plus souvent recours à un bon dictionnaire ! Signalons aussi dans le même fascicule une intéressante étude sur les Catacombes, les biographies de Cassint, Castelar, Castellane, Léon y Castillo, les mots Cassure, Caste, Castille, Castration, Casuistique, etc. Le fascicule 50 centimes chez les libraires et dans les gares. MEMENTO. COURRIER DE LA SEMAINE PARIS. — La date de l'inauguration de la nouvelle salle de l'Opéra-Comique est définitivement fixée au 7 décembre. Des invitations pour cette soirée seront adressées par le directeur de l'Opéra-Comique aux notabilités du monde officiel, du monde artistique, au directeurs de journaux et aux critiques. Les spectacles des jours suivants ont été ainsi arrêtés Jeudi 8, Carmen reprise. Vendredi 9, Lackmé reprise. Samedi 10, Carmen. Dimanche 11, la Dame blanche, les Noces de Jeannette. Lundi 12, mercredi 14, vendredi 16, Lachné. Mardi, 13, jeudi 15, samedi 17, Carmen. Pour les reprises de Carmen et de Lachné jeudi 8 et vendredi 9, un service complet sera fait aux membres de la presse habituellement convoqués aux premières représentations de l'Opéra-Comique. Nous avions annoncé, il y a quelques jours, que c'était la reprise de Manon qui devait être faite au lendemain de celle de Carmen ; mais, au cours de la répétition de jeudi, M. Albert Carré et M. Maurice Leloir, le dessinateur, ayant trouvé utile de refaire certains costumes, l'oeuvre de Massenet sera retardée de quelques jours. — Sous le péristyle du Théâtre-Français côté de la rue Richelieu, on a procédé à la pose d'une plaque de marbre blanc qui rappelle les différentes appellations de l'immeuble depuis sa fondation. On y lit, en effet, en lettres rouges, l'inscription suivante Ce théâtre fut construit par l'architecte Louis, de 1786 à 1790. Restauré et augmenté par l'architecte Chabrol, de 1860 à 1861. 1790 Variétés amusantes. 1791 Théâtre de la rue Richelieu. 1792 Théâtre de la République. 1799 Comédie-Française. » — Nous recevons la convention passée entre là Société des auteurs et compositeurs dramatiques et la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique. Sans en donner le texte complet, nous pouvons dire que ce nouvel arrangement fixe très nettement les attributions de chacune des deux sociétés. C'est ainsi qu'il a été établi ce qui suit La perception des droits pour les pièces sera faite exclusivement par la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, quel que soit le lieu, théâtre ou café-concert, où ces pièces seront représentées. La perception des droits de toutes les oeuvres littéraires ou musicales qui ne sont pas des pièces de théâtre, de tous les fragments et de tous les intermèdes, sera faite exclusivement par la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique. Toutefois, une dérogation est faite en ce qui concerne les petites pièces jouées dans les cafés-concerts, que leurs auteurs pourront déclarer à l'une ou à l'autre Société, lorsqu'elles n'auront qu'un acte ou un tableau, et qu'elles seront d'une durée inférieure à quarantecinq minutes. Enfin, notons que, pour éviter toute concurrence, les traités de chaque Société ne devront jamais stipuler un droit inférieur à 2 % sur la recette brute par chaque acte représenté. » Ces conventions, signées au nom des deux Sociétés dramatique et musicale par M. François Coppée et M. Octave Pradels, font honneur à la sollicitude et au bon vouloir des agents généraux, MM. Gustave Roger, Pellerin et Victor Souchon, et qui ne peuvent que recevoir les félicitations des auteurs. Le conseil municipal vient de voter l'impression de trois volumes relatifs à la musique pendant la Ré- 782 LE MONDE ARTISTE volution, hymnes et chansons populaires, fêtes nationales. Ces ouvrages lui ont été proposés en 1892 par M. Constant Pierre, commis principal au secrétariat du Conservatoire, et ont reçu l'approbation de la commission de recherches de documents relatifs à l'histoire de Paris pendant la Révolution, sur le rapport de M. H. Monin dont les conclusion ont été présentées au conseil par M. J. Labusquière qui a fait le rapport au nom de la quatrième commission. — Notre confrère M. Jean Bernard publie dans l'Indépendance belge un appel ému en faveur de Mlle Rosélia Rousseil, la tragédienne connue A côté des souvenirs d'Agar, morte, on peut placer les déboires de Mlle Rousseil, vivante, mais mourant de faim, elle aussi, à quoi bon le cacher? ... Il faut tout dire Mlle Rousseil est sans ressources ; oui, oui, une des grandes actrices de ce temps, une tragédienne qui a été acclamée, elle aussi, à la Comédie-Française, est sans engagement depuis des années, et quoique dans toute la force d'un talent admirable, ne trouve pas à gagner sa vie ; elle est sans pain ; c'est inouï, invraisemblable, et cela est. » — La messe annuelle de Sainte-Cécile avait attiré' un très nombreux public à l'église Saint-EustacheAvec le concours de l'orchestre Lamoureux et de plusieurs sociétés chorales on y exécutait, sous l'habile direction de M. Chovillard, la messe de César Franck. Les pages de cette oeuvre les plus particulièrement appréciées ont été le Kyrie et le Gloria. A l'offertoire, M. Marsick a interprété, accompagné par l'orchestre, l'Adagio pathétique, de M. G. de Saint-Quentin. Cette oeuvre, d'une inspiration élevée, convient au jeu sûr de l'éminent artiste. Il y a produit un grand effet. Le Credo a été chanté par M. Auguez, et, à l'élévation, M. Vergnet a interprété le Punis angelicus de Franck. La cérémonie s'est terminée par la Marche religieuse d'Ambroise Thomas, exécutée par l'orchestre. — Le cercle de la Critique s'est réuni en assemblée générale, sous la présidence de M. Camille Le Senne. Les soixante-trois membres présents ont nommé une Commission de revision des statuts et voté à l'unanimité la prorogation des pouvoirs du bureau actuel jusqu'à la prochaine assemblée. — Mlle Nina Varney qui, depuis sa sortie du Conservatoire, a beaucoup travaillé le chant avec Mme Blanche Monthy-Delilia, vient de signer un bel engagement à l'Opéra-Comique. Mlle Nina Varney est la fille du compositeur applaudi des Petites Barnett. PROVINCE ET ÉTRANGER. — De Saint-Pétersbourg Au Théâtre de la littérature artistique la tragédie du comte A. E. Tolstoï, le Tsar Iranovitch, obtient un immense succès. L'auteur de cette pièce, qui alterne sur l'affiche avec Paméla, de M. Victorien Sardou, a déjà écrit deux oeuvres dramatiques dont l'une, la Mort de Jean le Terrible, a eu la faveur du public. Le Tsar Iranovitch contient une description saisissante d'exactitude des moeurs et coutumes de la vieille Russie — l'unique raison, d'ailleurs, pour laquelle la censure l'a interdite jusqu'à présent. Mlle Fériel vient de débuter au théâtre Michel, dans Froufrou. L'artiste a été trouvée très intéressante, même après ses illustres devancières Sarah, Duse, Réjane, et le public lui en a témoigné sa satisfaction par plusieurs rappels à chaque représentation. — De Perpignan Le premier concert, de la Société de Musique classique classique eu lieu le 25 novembre, sous la direction de M. Gabriel Baille, dont on a fort applaudi un très joli Prélude-Fugue ; la première partie comprenait, en outre, un remarquable fragment du Stabat de Pergolèse, l'ouverture de Phèdre de Massenet, celle d'Obêron de Weber, un air de la Flûte enchantée de Mozart, etc. La seconde partie était consacrée à Antar, nouveau poème symphenique de Henri Maréchal. — Le succès en a été très vif, et les journaux de notre ville, qui le constatent, annoncent une seconde audition pour le prochain concert. — De Varsovie Le Grand-Théâtre vient de perdre tragiquement une de ses plus grandes artistes. Samedi dernier, on jouait les Taborites. Mme Rakiewiez, la célèbre tragédienne polonaise, interprétait le principal rôle, quand tout à coup elle s'aflaissa. Le rideau baissé, on appela le médecin du théâtre, qui fit transporter la malheureuse artiste à son domicile, où elle succomba deux heures après. Il y a deux ans une autre tragédienne, célèbre, elle aussi, trouva une mort tragique au Grand-Théâtre. Mme Marie Wisnowska y fut assassinée par un officier jaloux. Le Grand-Théâtre joue de malheur. — De Louvain, on annonce que Mlle Callemien et M. Schmier viennent de remporter un grand succès dans Tannhäuser, sous les traits de Vénus et de Herman. M. Séguin, toujours impeccable, Mme Levering et M. de Busscher Wolfram, Elisabeth, Tannhäuser ont été aussi fort applaudis. — De Verviers Première séance du Cercle musical d'amateurs le 25 novembre — Public nombreux et empressé à applaudir le beau programme de l'excellent directeur M. A. Massau. Parmi les oeuvres entendues pour la première fois et les plus applaudies, citons l'air de Suzanne de Paladilhe, les Pièces intimes de Henri Maréchal, exécutées par trente archets, et un délicieux Prélude suivi d'un Menuet et fugue de Hugo Reinhold. DIVERS. — La première représentation de la revue nouvelle, donnée, à Parisiana, a été un succès pour les deux directeurs, MM. Isola. Il est certain qu'ils se sont mis en frais de beaux décors, de costumes chatoyants, et qu'ils ont appelé, de divers endroits, pour monter sur leur scène, de très jolies femmes. Parmi les interpretes, il faut séparer du lot Mlle Anna Thibaud, MM. Périer et Gibard. On a fait fête aussi à la jeune acrobate qui vient, en intermède, exécuter la valse renversée », et l'on s'est amusé de la scène du duel entre la divette » et l'oncle ». — M. Alexandre Guilmant a remporté un succès immense dimanche dernier au concert du Conservatoire de Nancy, autant comme interprète que comme compositeur. Sa première symphonie pour orgue et orchestre lui a valu, ainsi que son interprétation des oeuvres de Bach et de Schumann, une chaude ovation. L'éminent chef d'orchestre Ropartz a été acclamé après l'ouverture et la marche du Tannhäuser. — Au Cours d'Esthétique musicale donné par M. E. de Solenière A l'Institut Rudy, la jeune pianiste. Mlle Berthe Berlin a remporté un brillant succès en interprétant la Rapsodie hongroise de Liszt, et des Extraits de Peer Gynt, de Grieg. — Très jolie matinée musicale et dansante dimanche LE MONDE ARTISTE 783 dernier, offerte par Mlle de Tailhardat, à ses nombreux élèves, dans la coquette salle de l'avenue Hoche. De l'entrain et une gaieté de bon aloi imprimaient à cette réunion un cachet d'intimité tout à fait charmant. L'aimable maîtresse de maison se multipliait du reste pour s'occuper de chacun et de tout. Et l'on peut dire, sans exagération, qu'elle a réussi au-delà de ses désirs. — Aujourd'hui a eu lieu, dans les salons de l'institut Rudy, l'audition des élèves de Mlle A Barrier, professeur de diction, avec le gracieux concours de Mme FilliauxTiger, Mme Marcel, Mlle May, MM. Herlaine, Polly et Gaston Barrier. — La Poudre de Perlinpinpin qui servira de pièce de réouverture demain lundi au théâtre du Châtelet fut créé le 24 décembre 1853. Elle avait alors trois actes et vingt tableaux; elle a maintenant quatre actes trente-cinq tableaux et quatre ballets le ballet des porcelaines au premier acte, celui des glaces avec l'escalier lumineux, une merveille de machination,au second acte; le ballet des jouets au troisième acte, entra le ballet des pantins et des poupées. Les auteurs du remaniement de la vieille féerie, MM. Ernest Blum et Pierre Decourcelle ont réuni des surprises extraordinaires qui sont appelées à un énorme succès, succès mérité par les efforts et les sacrifices de M. Rochard, le sympathique et très artiste directeur. — A la Bodinière, les Sonnets anciens et modernes ont fourni une curieuse séance où M. Léo Claretie, parlant et M. Paul Seguy chantant, l'on a fort applaudi de jolies pages musicales de Massenet, Paladithe, Maréchal, Leroux, Duprato, etc. MAURICE THOMAS. NÉCROLOGIE — M. Emilien Paccini vient de mourir, à Neuilly, à l'âge de quatre-vingt-huit ans. Ancien chef de bureau au ministère des beaux-arts et de la maison de l'empereur et ancien censeur des théâtres, il avait composé ou adapté plusieurs livrets d'opéras parmi lesquels ceux de Freyzchütz, du Trouvère, de Pierre de Médecis avec le prince Poniatowski. Ami personnel de Rossini, il avait fait les paroles de - la cantate composée par le maître pour la distribution des récompenses de l'Exposition universelle de 1867. Paccini était chevalier de la Légion d'honneur. — Nous avons le regret d'apprendre la mort de M. Edouard Louis Vossaert, le père de notre sympathique correspondant de Bruxelles, décédé le 20 novembre dans sa soixante-dixième année. La rédaction du Monde Artiste envoie à son éminent collaborateur ses plus sincères condoléances. — Conrad-Ferdinand Meyer, l'écrivain bien connu de la Suisse allemande, est mort subitement à Kilchberg, d'une attaque d'apoplexie. Conrad Meyer, qui est l'auteur de plusieurs romans célèbres en Suisse, mais qui mérite surtout d'être connu comme poète, était né en 1825. — M. Lucien Fugère et M. Paul Fugère viennent d'avoir la douleur de perdre leur mère, Mme Henri Fugère. Nous envoyons aux deux sympathiques artistes nos plus vives condoléances. — Une artiste fort distinguée, Mme Lacombe-Duprez, nièce et élève du grand Duprez, est morte a Paris, à l'âge de 56 ans, succombant à une maladie de foie. Mme Lacombe-Duprez, qui avait obtenu de grands succès en province et à l'étranger, à Lyon, Bordeaux, Anvers et en Russie, avait appartenu un instant a l'Opéra-Comique, puis avait passé deux ou trois années à l'Opéra. Une maladie des yeux, qui avait fini par la rendre presque aveugle, l'avait obligée de renoncer prématurément à sa carrière. Elle était veuve de l'éditeur de musique Lacombe. —- Un artiste français dont on n'avait jamais entendu parlé en France depuis ses succès au Conservasoire, le violoniste Horace Poussard, vient de mourir à Sidney, à l'âge de 70 ans. Poussard, élève de la classe d'Habeneck, avait obtenu, au concours de 1849, le premier prix de violon, conjointement avec Victor Chéri, le frère de Pose Chéri. Peu de temps après, il avait quitté la France pour entreprendre de longues séries de voyages à l'étranger. Il avait vécu longtemps en Amérique, et depuis douze ans il s'était fixé en Australie, où il vient de mourir. _— A Rome est mort, à l'âge de 64 ans, le docteur Giuseppe Lamperti, fils du fameux professeur de chant Lamperti, si renommé naguère en Italie. Il avait été agent théâtral, puis était devenu imprésario, et fut successivement directeur de la Scala de Milan, de l'Apollo de Rome et du San Carlo de Naples C'est lui qui, dit-on, ce découvrit » en quelque sorte le compositeur Amilcare Ponchielli, en jouant, au théâtre Dal Verme de Milan son opéra i Promessi Sposi, écrit depuis quinze ans et que l'auteur ne trouvait pas le moyen de produire. COURRIER DE LA MODE Les corsages-habits remplacent un peu les corsagesblouses. Comme eux, ils se font en tissus de fantaisie et se portent indistinctement avec des jupes diverses. Cette mode, très pratique, est d'autant plus jolie que le corsage-habit va un peu à toutes les femmes. Suivant l'âge et la corpulence, on en varie la nuance et la garniture. Ouvert sur un gilet coquet, que rehausse au besoin une jolie cravate, ou un élégant jabot de dentelle, le corsage-habit peut même se porter à un dîner de demicérémonie. Pour le théâtre, il est très apprécié. Mais, à propris de théâtre, qu'il nous soit encore permis d'insister sur la question des chapeaux pour les femmes. De grâce qu'on les abolisse, au moins aux fauteuils d'orchestre et de balcon. En tous les cas des coiffures basses et de petites dimensions devraient-elles,seules, être tolérées pour les personnes âgées. Les vêtements de cet hiver sont généralement longs et extrêmement collants. Les jaquettes rappellent bien plutôt les anciennes basquines que les coquets petits vêtements de ces dernières années. On en voit de très élégantes en loutre garnies do chinchilla, le renard bleu redevient aussi très en vogue, et le mélange des fourrures se fait aujourd'hui sur la plupart des confections, tandis qu'autrefois on eût crié à l'hérésie. Les paletots-sacs, même longs, sont assez généralement adoptés pour le voyage ou les sorties très matinales ou très tardives. Ils se font soit en beau drap molletonné à l'intérieur, soit en drap fin ouaté, ou doublé de fourrure. Quant aux collets-châles, je les trouve à la fois laids et manquant absolument de pratique. Ils se tiennent railles, laissant à loisir pénétrer l'air de tous les côtés. Quelques-uns en velours et skings sont portés par des élégantes de marque ; ils peuvent être chics ». Je ne les trouverai jamais gracieux. La robe de drap tient fort bien lieu d'une robe de soie, connue toilette de visite. Quelques modèles sont garnies d'incrustations en drap d'une autre teinte, soit 784 LE MONDE ARTISTE camaïeu, soit de nuance tranchante ; il arrive même que ces incrustations soient à leur tour brodées de paillettes, ce qui augmente la richesse. Les ceintures métalliques incrustées de pierreries sont de plus en plus à la mode ; et jamais davantage on n'a porté de ruches, noeuds, cravates, jabots et fantaisies de tout genre sur les corsages, les chemisettes et les blouses. Tous ces colifichets sont charmants et communiquent à la toilette la plus simple un cachet d'élégance tout à fait parisienne. Il serait difficile cependant de dire exactement ce qui se porte à un âge plutôt qu'à un autre. Les femmes d'à présent se défendent » avec un tel succès, que quelques-unes d'entre elles semblent avoir une éternelle jeunesse. A la vérité, il n'y a plus de cheveux gris depuis que, grâce à la foudre, Capillus, sans redouter les névralgies, on peut leur rendre à sec leur nuance primitive. Ce produit, d'une utilité qui se recommande d'ellemême, et tout à fait pratique, est la spécialité de la Parfumerie Ninon, 31, rue du 4-Septembre à laquelle il suffit d'envoyer une mèche de cheveux comme échantillon de la nuance pour recevoir une boîte de poudre assortie. Prière de joindre seulement, pour la recevoir franco, un mandat de 5 fr. 50 ou 8 fr. 50 suivant grandeur. BERTHE DE PRÉSILLY. Conseils. — Tout ce que l'art moderne crée de gentil, de coquet et d'abordable, en ameublement, la maison du Vieux Chêne, plus que toute autre, en a un choix considérable à offrir à sa nombreuse clientèle au moment de cette fin d'année. Petits meubles de fantaisie, bronzes, émaux, faïences, porcelaines, vitraux, tapis, tentures, etc ; on n'a vraiment que l'embarras du choix. J'aurai tout dit sur cette vieille réputation parisienne, quand j'aurai ajouté que, suivant les vieilles traditions du passé, la Maison du Vieux Chêne est ce qu'on peut appeler une maison de confiance. Qu'on aille soi-même 69-71, rue Beaubourg, ou qu'on écrive à son aimable directeur, M. Tirouflet, on sera toujours servi avec le même scrupule et la même bonne foi. — Par ce temps d'hiver, humide et froid, les mains ou se couvrent facilement d'engelures. Les unes comme les autres se guérissent sans laisser de traces par l'usage de la pâte et du saron des prélats, dont beaucoup de personnes se servent aussi comme préservatifs. Ne pas oublier que ces produits excellents sont une des spécialités de la Parfumerie exotique, 35 rue du 4-septembre. B. DE P. NOUVEAUTÉS MUSICALES de la Maison Henry LEMOINE et O 17, Rue Pigalle, 17. Auteurs. Titres des ouvrages. Prix. E. ALDER Morceaux choisis, recueil n° 1, pour violon seul net 1 50 — Morceaux choisis, recueil n° 1, pour flûte senle net 1 50 — Morceaux choisis, recueil n° 1, pour clarinette seule... net 1 50 — Morceaux choisis, recueil n° 1, pour cornet à pistons.. net 1 50 — Morceaux choisis, recueil n°l, pour alto en mi bémol, net 1 50 — Morceaux choisis, recueil, n° 1, pour bugle seul net 1 50 PATIERNO - APERTE, COTTIN, PECOLLO. Morceaux choisis, en petit format, pr mandoline seule, chaque net 0 23 A. LANDRY 6 valses bluettes, pour piano à deux mains net 1 25 C. DE MESQUITA. .. Charmeuse, valse de salon pour piano à deux mains.. 7 50 H. FLEURY. . La Nuit, pièce, pr p° 2 mains. 6 » F. THOMÉ La Sirène, valse de salon pour piano à 4 mains 7 50 L. GANNE Marche parisienne, polka-marche, pour piano à 4 mains. 9 TH. LACK Récréations extraites de la méthode, pr piano 2 mains, net 1 70 E. PATIERNO Mandolinette, pièce pour mandoline mandoline piano 6 » — Libellule, pièce pour mandoline mandoline piano. 6 » L. GANNE Marche parisienne, polka-marche, pr mande et guitare 6 » -, E. PATIERNO Les Mudetiers, valse espagnole pour mandoline et piano... 9 » P APERTE 2e mazurka, Fleurs argentines. pr mandoline et piano. 6 » Le Gérant A. MARETHEUX.
LaSorcière Michel BRIANT (Fuzeau - 2000) Ne cherchez pas dans ce disque un florilège sur la sorcellerie. L’album prend le titre de cette première chanson si drôle. Il est résolument orienté vers les enfants de cycles 1 et 2 et leur offre quatre titres bien adaptés, simples, tour à tour amusants et nostalgiques. Soufflez Monsieur le
MichelBriant La Sorcière : Poj Peeters Leuven Be. Tableau des 30 derniers jours. Une fiche d'activités pour le cycle 2 un florilège d'albums et de petits romans sur les sorcières et les sorciers. Personnaliser le visuel de votre carte si vous le souhaitez. Clip officiel, version karaoké la soupe de la sorcière, chantée par michel
Lasoupe de la sorcière (M. Briant) ~ La Classe des gnomes Une petite chanson pour étoffer mes (désormais nombreuses) activités sur le thème des sorcières. C'est un thème qui fonctionne très bien dans les classes de tous les niveaux. Un même support d'enseignement est déclinable facilement, ce que je recherche depuis que je suis remplaçante. I
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