Ă la fin des annĂ©es 1950, on courait grand risque Ă monter dans une Facel Vega qui, tenant mal la route, pouvait Ă©chapper au contrĂŽle de son conducteur. La presse avait dĂ©jĂ Ă©voquĂ© les faiblesses de ce modĂšle puissant, responsable de trop dâaccidents 4 janvier 1960, Albert Camus, qui devait rallier Paris en train, son billet en poche, dĂ©cide de remonter de Lourmarin Vaucluse, aprĂšs les fĂȘtes de fin dâannĂ©e, dans la Facel Vega de son vieux complice, Michel Gallimard. Rue de Valois, AndrĂ© Malraux, ministre de la culture, attend son retour pour le nommer Ă la tĂȘte dâun grand théùtre, lâAthĂ©nĂ©e.â ĂDITO. Urgence CamusĂ 13 h 54, aprĂšs le dĂ©jeuner, aux abords de Villeblevin Yonne, sur la Nationale 5, le bolide du neveu de son Ă©diteur sâencastre Ă vive allure dans lâun des nombreux platanes, sentinelles impitoyables des longues lignes droites. Albert Camus meurt sur le coup ; Michel Gallimard, griĂšvement blessĂ©, succombe cinq jours plus de la voiture dĂ©sarticulĂ©e, parmi les bagages Ă©parpillĂ©s, quelquâun ramassera la sacoche dans laquelle Albert Camus avait rangĂ© le manuscrit, encore incomplet, du roman qui devait ĂȘtre son Guerre et Paix, le symbole Ă©clatant de sa renaissance littĂ©raire, aprĂšs des annĂ©es dâerrements et dâimpuissance. Le Premier fils de pauvre devenu philosopheAlbert Camus, prix Nobel de littĂ©rature 1957, fauchĂ© Ă 46 ans⊠Son cercueil, portĂ© par les habitants du village, sera enterrĂ© Ă Lourmarin, dans une froide lumiĂšre dâhiver, sous les arbres dĂ©nudĂ©s du Luberon. LâĂ©motion est considĂ©rable partout, en France comme dans le monde. La disparition fulgurante dâAlbert Camus ne fut pas seulement celle dâun homme mais aussi celle dâun possible quâil reprĂ©sentait, lâexistence du fait moral dans un monde dĂ©pouillĂ© de sens », Ă©crit Vincent Duclert, dans Camus, des pays de libertĂ©, un bel essai paru de la tombe, une simple stĂšle de pierre grise Albert Camus 1913-1960. Le poĂšte RenĂ© Char dont, sur les photos, la haute stature domine le cortĂšge funĂ©raire, dira Avec celui que nous pleurons, nous avons cessĂ© de parler mais ce nâest pas le silence. »Aux funĂ©railles dâAlbert Camus, le 6 janvier 1960, ses amis du monde littĂ©raire, Gaston Gallimard, RenĂ© Char, Emmanuel RoblĂšs, Jules Roy, Jean Grenier, Gabriel Audisio, Ă©taient prĂ©sents aux cĂŽtĂ©s des villageois de Lourmarin Vaucluse, oĂč lâĂ©crivain avait enfin retrouvĂ© lâinspiration. / Votava/Imagno/Getty AprĂšs bien des hĂ©sitations de ses amis et un long travail de diffĂ©rentes versions et notations raboutĂ©es par sa fille Catherine, gardienne infatigable de ses Ă©crits et de sa mĂ©moire, Le Premier Homme paraĂźt trente-quatre plus tard. Lâhistoire dâun orphelin, nĂ© pauvre, dont le pĂšre est mort Ă la guerre en 1914, et personne ne lui avait parlĂ© et il lui avait fallu apprendre seul, grandir seul, en force, en puissance, trouver seul sa morale et sa vĂ©ritĂ© ». Autant dâaccents autobiographiques, en Ă©cho Ă son premier essai publiĂ© Ă 21 ans â LâEnvers et lâEndroit â, dont la publication posthume rĂ©vĂ©lera que Camus tenait lĂ son grand Ćuvre. Une dĂ©couverte Ă©blouissante et douloureuse, tirĂ©e Ă 760 000 le saigneur », lâexĂ©cutera dans sa revue Les Temps Camus lâavait dĂ©jĂ Ă©tĂ© par les fossoyeurs de Saint-Germain-des-PrĂ©s, aprĂšs la publication de LâHomme rĂ©voltĂ©, en 1952. Son ami depuis des annĂ©es, Jean-Paul Sartre, avait lĂąchĂ© ses chiens dans Les Temps modernes, sa revue alors fort influente, pour briser avec condescendance ce fils de pauvre qui ne pouvait, Ă ses yeux dâagrĂ©gĂ©, se prĂ©tendre philosophe. SupĂ©rieur et mĂ©prisant, il avait jetĂ© cet argument Ă la figure de Camus, sans doute dĂ©jĂ suspect devant ces beaux esprits de rĂ©pĂ©ter que les stades de football et les théùtres avaient Ă©tĂ© ses seules intellectuelDe quoi fut-il accusĂ© ? Dâavoir dĂ©noncĂ© les dĂ©rives du marxisme, dĂ©crit le mĂ©canisme implacable de ce totalitarisme sanglant et rĂ©pressif, le systĂšme soviĂ©tique qui avait dĂ©naturĂ© lâĂ©lan rĂ©volutionnaire. Crime impardonnable aux yeux des thurifĂ©raires de lâURSS. Les grandes manĆuvres furent dĂ©ployĂ©es contre cet irrĂ©gulier libertaire qui ne rentrait pas dans le rang. Chaque gĂ©nĂ©ration se croit vouĂ©e Ă refaire le monde. La mienne sait pourtant quâelle ne le refera pas mais sa tĂąche est peut-ĂȘtre plus grande. Elle consiste Ă empĂȘcher que le monde se dĂ©fasse. »Albert CamusSartre, le saigneur », lâexĂ©cutera dans sa revue et le rabaissera par des traits cinglants, utilisant ses affidĂ©s pour ostraciser cet humaniste Ă la morale de Croix-Rouge ». Catherine Camus nâa que 7 ans au moment de lâassassinat intellectuel » de son pĂšre. Elle le voit un matin se tenir la tĂȘte entre les mains, le regard triste. Je suis seul⊠», lui dit-il, dâun air dans ce climat de rĂšglement de comptes que Camus, rejetĂ© par les apparatchiks marxistes et lâintelligentsia germanopratine retranchĂ©e au CafĂ© de Flore, reçoit, Ă©crasĂ© par la charge, lâannonce de son prix Nobel Ă lâautomne 1957. Loin de le rĂ©jouir, cette consĂ©cration mondiale, qui le couronne Ă 44 ans, lâenfonce un peu plus. Il se sent embaumĂ© de son vivant. Depuis des mois, il nâarrive plus Ă Ă©crire, marine dans une sourde dĂ©pression, songe Ă en finir. Pourtant, son discours de Stockholm fera reçoit le prix Nobel de littĂ©rature, le 10 dĂ©cembre 1957 des mains du roi de SuĂšde, Gustave VI Adolphe. / KEYSTONE On se souviendra longtemps de sa voix traĂźnante de sĂ©pulcre, au lĂ©ger accent couleur de soleil, distribuant des piques Ă ses ennemis, dĂ©passant les vaines querelles par une formule trĂšs camusienne. Chaque gĂ©nĂ©ration, sans doute, se croit vouĂ©e Ă refaire le monde. La mienne sait pourtant quâelle ne le refera pas mais sa tĂąche est peut-ĂȘtre plus grande. Elle consiste Ă empĂȘcher que le monde se dĂ©fasse. » Son retentissement moral nâeffacera pas les flĂ©trissures. Dix ans aprĂšs sa mort, un critique littĂ©raire bien en vue dĂ©gainera Ă son tour un libelle dont on ne retiendra que le titre Camus, philosophe pour classe terminale. Ultime pelletĂ©e de terreâŠUn traĂźtre » aux yeux des radicauxSi Camus, armĂ© de son honnĂȘtetĂ©, ne refusait pas la bagarre, il avait horreur des coups bas. Face Ă lui, une gauche marxiste sâarrogeant le camp dit du progrĂšs lâattaquait par esprit de meute, et la droite conservatrice fustigeait le peu de patriotisme de cet enfant dâAlger. Toute sa courte vie, Albert Camus fut dĂ©signĂ© comme un traĂźtre » par les radicaux des deux bords, hostiles Ă son dĂ©sir autant quâĂ la nĂ©cessitĂ©, aprĂšs les massacres et les attentats, de rendre conciliable ce que la guerre rendit inconciliable. La question algĂ©rienne sera la pierre de touche des jugements sans appel contre lui et de ses propres du destin sanglant vers lequel basculait sa terre natale, il prĂŽna le dialogue et un quand, conscient du destin sanglant vers lequel basculait sa terre natale, il prĂŽna en 1956 par un Appel pour une trĂȘve civile une troisiĂšme voie vers le dialogue et un compromis, les deux camps, le FLN partisan du terrorisme pour arracher lâindĂ©pendance et les ultras de lâAlgĂ©rie française, violemment arc-boutĂ©s sur les acquis de la colonisation, le chasseront de leur terrain dâaffrontement. Condamnant cet homme de bonne volontĂ© Ă un silence quâil ne rompra quâau lendemain du discours de Stockholm, lors dâune confĂ©rence de presse, poussĂ© dans ses retranchements par un jeune Ă©tudiant kabyle lâaccusant publiquement de ne pas prendre parti pour le rĂ©pond Camus, qui fut le premier journaliste expulsĂ© dâAlgĂ©rie pour avoir menĂ© campagne en faveur des Arabes ? En ce moment, on lance des bombes dans les tramways dâAlger. Ma mĂšre peut se trouver dans un de ces tramways. Si câest cela la justice, je prĂ©fĂšre ma mĂšre. » On ne voudra retenir que la derniĂšre partie de la phrase pour mieux lâaccabler, sans lui reconnaĂźtre lâhumanitĂ© du propos, ni lui concĂ©der la dignitĂ© de cette passera dĂšs lors pour une belle Ăąme », insensible au drame de son peuple, Ă lâurgence de se libĂ©rer du joug colonial et Ă lâinĂ©luctable indĂ©pendance. Et comme il condamne le terrorisme du FLN, câest donc quâil est pour lâAlgĂ©rie française⊠Emballez, câest pesĂ© ! Ce fut bien le procĂšs le plus mal ficelĂ© Ă son endroit mais aussi celui qui laissera le plus de humanisme raisonnĂ© »Tous ces assauts, violents, ne pouvaient quâatteindre ce partisan inlassable dâun humanisme raisonnĂ© », qui avait su prendre les armes face aux nazis. Comment pouvait-on le traĂźner devant le tribunal de lâopinion, lui, le fils de pauvre, nĂ© le 7 novembre 1913, Ă Mondovi, orphelin de pĂšre, Ă©levĂ© par sa mĂšre, sourde, illettrĂ©e, femme de mĂ©nage et sa grand-mĂšre, femme rigide et intraitable ?Dans l'atelier de l'oncle de Camus Ătienne, tonnelier Ă Alger en 1920 Albert Camus 7 ans est au centre, avec le costume noir. / PVDE/Rue des Archives FidĂšle Ă ses origines, il sera et restera la voix des humbles, des invisibles, des humiliĂ©s. SauvĂ© par lâĂ©cole oĂč deux enseignants, Louis Germain son instituteur Ă Alger, puis Jean Grenier, son professeur de philosophie au lycĂ©e Bugeaud, lâarrachĂšrent Ă la fatalitĂ© de sa condition sociale en lui ouvrant les portes de la culture, lâaccompagnant sur les chemins de sa libertĂ©. Le fameux vers de RenĂ© Char, lâun de ses amis les plus proches, aurait pu ĂȘtre Ă©crit pour le jeune Albert Camus Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. Ă te regarder, ils sâhabitueront. » La honte » du regard portĂ© sur lui par les autres, puis la honte dâavoir honte »TrĂšs vite, ce boursier, qui a connu la honte » du regard portĂ© sur lui par les autres, puis la honte dâavoir honte », attire lâattention de ses professeurs qui distinguent lâĂ©lĂšve hors du commun. Il dispose de tous les talents, Ă©crit, se fait un nom dans la grande ville, dĂšs ses premiers articles, mĂ»r dans ses idĂ©es, charpentĂ© dans ses convictions. SĂ©duisant, solaire et rayonnant mais aussi pudique, modeste, perclus de doutes qui ne le lĂącheront fureur de vivreIl Ă©prouve un vrai bonheur Ă jouer, trĂšs bien, au football oĂč il acquiert au milieu de ses coĂ©quipiers, unis et complĂ©mentaires dans lâaction, le peu de morale » quâil sâattribue et quâil conservera comme le trĂ©sor de ses jeunes annĂ©es algĂ©roises. Le gardien de but qui court vers un destin de professionnel est terrassĂ© par la tuberculose. Il frĂŽle la mort Ă 17 ans. Il comprend que la vie ne sera quâune brĂšve aventure et quâil ne doit pas passer Ă dans le football quâAlbert Camus Ă gauche, avec son Ă©quipe Ă Alger en 1937 trouve le peu de morale » quâil sâattribue. Une carriĂšre de joueur professionnel se profilait pour le brillant gardien de but, brisĂ©e par la tuberculose. / Tallandier/Rue des Archives Il y a ainsi une volontĂ© de vivre sans rien refuser de la vie qui est la vertu que jâhonore le plus dans ce monde », Ă©crira-t-il. Comme il se sait en sursis, il ne traĂźne pas en chemin. Il vivra Ă fond ses engagements, sa crĂ©ation, ses amours. Pourquoi faudrait-il aimer rarement pour aimer beaucoup ? » Une jolie formule qui recouvrira la souffrance de quelques cĆurs brisĂ©s mais tĂ©moigne de la sincĂ©ritĂ© de ses fait du théùtre sur le modĂšle du TNP de Jean Vilar, sâĂ©panouit dans lâexercice de la mise en scĂšne, fortifie ses amitiĂ©s et multiplie les conquĂȘtes. Il nâa que 24 ans lorsquâil rĂ©dige LâEnvers et lâEndroit, vibrant rĂ©cit autobiographique sur ses origines de pauvretĂ© et de lumiĂšre, brĂ©viaire destinĂ© Ă le prĂ©server des deux dangers qui menacent tout artiste, le ressentiment et la satisfaction ».Un grand journalisteChroniqueur judiciaire, position qui lui offre de sonder les obscuritĂ©s de lâĂąme humaine, critique littĂ©raire, reporter, journaliste de terrain, il signe, Ă 25 ans, une retentissante enquĂȘte sur La misĂšre en Kabylie » dont chaque phrase est un rĂ©quisitoire contre la colonisation. Ă la mĂȘme Ă©poque, son Manifeste pour un journaliste libre, qui sera censurĂ©, pose les quatre commandements dâun digne exercice de ce mĂ©tier la luciditĂ©, le refus, lâironie, lâ recommande dĂ©jĂ de ne rien publier qui puisse exciter Ă la haine ou provoquer le dĂ©sespoir ». Des annĂ©es plus tard, il quittera Combat, que son engagement et ses articles tranchants avaient hissĂ© au plus haut niveau, en invoquant lâincompatibilitĂ© entre lâargent et lâindĂ©pendance. Les capitaux ne vont jamais sans servitude. »La rĂ©daction de Combat en 1944. Albert Camus appuyĂ© contre le meuble est rĂ©dacteur en chef et Ă©ditorialiste dâaoĂ»t 1944 Ă juin 1947 du journal sous-titrĂ© De la rĂ©sistance Ă la rĂ©volution ». / RenĂ© Saint Paul/Rue des Archives Câest Ă Alger que sâancre chez ce MĂ©diterranĂ©en son hĂ©liotropisme sensuel, son goĂ»t charnel des paysages, ses inclinations pour les femmes auxquelles le relient des passions parallĂšles, de ferventes complicitĂ©s intellectuelles et le dĂ©sir de graver par de longues lettres les heures passĂ©es qui en prolongent le plaisir et en augmentent lâattente. Câest Ă Alger que sâaffirme chez cet agnostique le sens du tragique, que se forge son Ă©thique de la libertĂ©, que sâĂ©labore sa philosophie de lâ aurait-il pu en ĂȘtre autrement ? Il entre, Ă©videmment, dans la RĂ©sistance, journaliste Ă Combat le jour, clandestin la nuit, organisateur de lâombre au pĂ©ril de sa vie. Et trouve mĂȘme le temps de finir dâĂ©crire La Peste.â Ă LIRE. La Peste », le grand livre du coronavirus Ses articles et ses Ă©ditos, irriguĂ©s par une rĂ©flexion dĂ©ontologique plus que jamais nĂ©cessaire, restent trĂšs inspirants, note Maria Santos-Sainz, auteure de Camus, journaliste. La cohĂ©rence de son propos, rĂ©sumĂ©e par son cĂ©lĂšbre Ni victimes, ni bourreaux, et sa recherche obsessionnelle de la vĂ©ritĂ© dĂ©gagent une mĂ©taphysique de la dignitĂ©. Rendre visible lâinadmissible et la souffrance des humiliĂ©s. Soigner le langage, toujours chercher le mot juste, admirablement synthĂ©tisĂ© par sa formule si souvent citĂ©e et si mal appliquĂ©e âMal nommer les choses, câest ajouter au malheur du monde.â Combat fut la courroie de transmission de son humanisme rĂ©conciliateur. »Ăditorialiste de choc Ă Combat, il impose un ton, un style et une luciditĂ© qui forcent lâ de collection et membre du comitĂ© de lecture de Gallimard, Ă©ditorialiste de choc Ă Combat, lâorgane de la RĂ©sistance qui tirait Ă 200 000 exemplaires aprĂšs la LibĂ©ration, Albert Camus impose un ton, un style et une luciditĂ© qui forcent lâadmiration. Au lendemain de Hiroshima, il est le premier Ă entrevoir le gouffre vers lequel plonge lâhumanitĂ©. Ses articles dans Combat sont magnifiques et mĂ©ritent dâĂȘtre lus en public au mĂȘme titre que ses grands textes littĂ©raires, comme Noces », soutient AgnĂšs Spiquel, ancienne prĂ©sidente de la SociĂ©tĂ© des Ă©tudes garde-fouSes Ă©crits obligent les intellectuels du moment Ă se confronter Ă cette pensĂ©e de la mesure, ferme sur les principes, inflexible sur la recherche de la vĂ©ritĂ© et la dĂ©nonciation des injustices. DĂ©but du malentendu mais aussi de la diffĂ©rence de perception entre le vaste peuple de ses lecteurs et le carrĂ© de lâintelligentsia, acharnĂ© Ă le rĂ©duire en le cataloguant soit comme fasciste » mais oui !, soit comme un indĂ©cis. Camus nous apprend lâimportance vitale de la nuance et de la rĂ©flexion, le recul, le pas de cĂŽtĂ© pour se dĂ©faire du schĂ©matique et du manichĂ©isme, le temps du silence pour dĂ©passionner les dĂ©bats trop virulents. Il est lâĂ©ternel garde-fou contre les tentations extrĂȘmes. »Marylin Maeso Saâ pensĂ©e de midiâ, qualifiĂ©e de âmorale pour boy-scoutâ, rappelle AgnĂšs Spiquel, ne correspond en rien Ă la caricature du juste milieu oĂč on a tant voulu lâenfermer. Câest une morale exigeante, en Ă©quilibre fragile, en tension permanente avec des forces opposĂ©es. La conciliation, chez Camus, rĂ©clame dâĂ©couter les raisons de lâadversaire et de dialoguer pour arriver Ă la possibilitĂ© de nĂ©gocier. Et la mesure, câest opposer lâĂ©thique Ă lâefficacitĂ©, consentir Ă ĂȘtre moins efficace Ă court terme mais pour bĂątir lâavenir sur des fondations solides. » Quand lâheure est aux excommunications, comment recevoir cet apĂŽtre dâune justice Ă©quitable ? Camus trouve les mots pour se dĂ©fendre. Et attaquer. La dĂ©mesure ? Une posture toujours, une carriĂšre parfois. »Marylin Maeso, professeure de philosophie Ă OrlĂ©ans, auteure de LâAbĂ©cĂ©daire dâAlbert Camus, revient sur cette querelle capitale. Camus a raison. LâexcĂšs fait vendre. Câest facile, intense, ne demande pas beaucoup dâefforts et assure une bonne image. LâĂ©poque actuelle, qui privilĂ©gie le jugement lapidaire Ă lâanalyse, nous en inflige le spectacle tous les jours, sur les Ă©crans et les rĂ©seaux sociaux. Camus nous apprend lâimportance vitale de la nuance et de la rĂ©flexion, le recul, le pas de cĂŽtĂ© pour se dĂ©faire du schĂ©matique et du manichĂ©isme, le temps du silence pour dĂ©passionner les dĂ©bats trop virulents. Il est lâĂ©ternel garde-fou contre les tentations extrĂȘmes. »Michel Gallimard et Albert Camus en Grece au restaurant en juin 1958. / Tallandier/Rue des Archives Le destin de Camus est glorieusement et tragiquement liĂ© Ă celui des Gallimard. Gaston Gallimard le porta sur les fonts baptismaux de lâĂ©dition et Michel Gallimard lâentraĂźna dans une farandole dâamitiĂ© qui les mena tous deux Ă la mort. Depuis, Gallimard, avec le soutien de sa fille Catherine Camus, maintient haut le flambeau de son hĂ©ritage par une politique Ă©ditoriale exemplaire. Rien de ce qui touche Ă Albert Camus ne laisse indiffĂ©rent. »Alban CerisierParution posthume du Premier Homme, deux publications de ses Ćuvres complĂštes dans la PlĂ©iade, de multiples Ă©ditions renouvelĂ©es en Folio, exhumation de ses Carnets, ConfĂ©rences et discours, rĂ©vĂ©lation de ses nombreuses Correspondances dont la derniĂšre en date, celle, volumineuse et ardente 865 lettres⊠avec lâactrice Maria CasarĂšs, dont les ventes 60 000 exemplaires se sont envolĂ©es. Rien de ce qui touche Ă Albert Camus ne laisse indiffĂ©rent. Ce succĂšs de librairie impressionnant atteste quâil demeure une figure trĂšs prĂ©sente dans notre culture », souligne Alban Cerisier, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Ăditions Gallimard. Il fut mĂȘme question, sous la prĂ©sidence de Nicolas Sarkozy, de le transfĂ©rer au PanthĂ©on, projet recalĂ© par ses enfants. Une conscience contre le chaos »Au printemps 2020, lâengouement soudain pour La Peste, provoquĂ© par la pandĂ©mie, ramĂšne sur le devant de la scĂšne lâĂ©ternel Albert Camus, plus actuel que jamais, envisagĂ© comme un phare dans la tempĂȘte, Ă©clairant par une description clinique lâenchaĂźnement des Ă©vĂ©nements qui nous emportent. Du dĂ©ni Ă lâaffolement, quand la vague invisible du virus submerge les corps et les esprits. Camus montre comment lâobstination de quelques-uns quand tout semble perdu, la solidaritĂ© et lâengagement individuel au service du collectif deviennent la force de tous, pour tous », souligne Marylin recours Ă Camus renvoie aux annĂ©es lycĂ©e, Ă la dĂ©couverte Ă©mue de ses livres Ă lâadolescence, pĂ©riode de grandes questions philosophiques, ces futurs bagages existentiels. Les rĂ©seaux sociaux fourmillent de ses citations, relĂšve Alban Cerisier. Il accompagne nos vies, touche lâintimitĂ© de ses lecteurs. Par son refus des explications trop faciles, par son insistance Ă rappeler que chacun de nos actes nous lie Ă une communautĂ© de destins, il nous aide Ă penser le monde. »â DOSSIER. La Croix LâHebdoSoixante ans aprĂšs, sa mort marque la fin dâune Ă©poque. Nous avions tellement besoin de ce juste, dira Ionesco. Il Ă©tait, tout naturellement, dans la vĂ©ritĂ©. » Le 5 janvier 1960, lendemain de lâaccident, le titre de lâĂ©dito barre la une de Combat, son ancien journal Une conscience contre le chaos ». Nâest-ce pas, au fond, plongĂ©s dans le dĂ©sarroi dâune catastrophe sanitaire, humaine, Ă©conomique, en quĂȘte de repĂšres, avides de solidaritĂ© et de fraternitĂ©, ce que les lecteurs de 2020 cherchent en ouvrant La Peste ?.PlaceĂ lâaudace Le 6 novembre 2014 par Marie-HĂ©lĂšne CossĂ© Mieux vivre RenĂ© Char a dit : « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque, Ă te regarder, ils
Mots-clefs chance, chanceux, hasard, sort, jeu, bonne Ă©toiile, citations, aphorismes 000 Avoir de la chance, c'est voir se crĂ©er pour soi une situation positive, qu'on ait agi volontairement pour favoriser un environnement favorable Ă sa rĂ©alisation, ou que les circonstances y ayant conduit aient Ă©tĂ© fortuites ou hors de tout contrĂŽle. Pour le chanceux du premier cercle, la chance se cultive et se mĂ©rite, pour celui du second cercle, le "hasard fait bien les choses" et la chance, en quelque sorte, "tombe du ciel" !En vĂ©ritĂ©, que tout dans la chance soit causalitĂ© et dĂ©terminisme, ou un effet sans cause, la chance les fascine tous, Ă©lus du hasard, heureux au jeu, malchanceux d'un jour ou assidus du manque de... n'y a aucune...chance de retrouver ci-aprĂšs l'ensemble des aphorismes - plusieurs centaines - publiĂ©s sur le thĂšme. Juste une sĂ©lection ! 000 Risquer sa chance, c'est marcher vers le bonheur et l'espoir La chance, c' est le bonheur, c' est la face rĂ©barbative et noire du destin qui tout Ă coup s' illumine d' un charmant sourire. Que serait la justice sans la chance du bonheur ? Albert Camus Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque Ă te regarder, ils s'habitueront. RenĂ© Char Quand il n'y a plus de chance, il y a encore l'espoir. Jean-Michel Ribes Avoir un but attire la chance. Anonyme L'homme qui a de la chance, est gĂ©nĂ©ralement l'homme qui sait ce qui peut ĂȘtre laissĂ© au hasard. CĂ©cil Scott Forester Il y a trois choses qui n'attendent pas le temps, la mort et la chance. Vikas Swarup La chance est un oiseau volage. Il vole dâĂ©paule en Ă©paule, sans que personne ne puisse jamais prĂ©tendre le mettre en cage dans sa main. Daniel Confland La chance est un bien qui se cultive La chance, câest comme la jeunesse. Chacun y a sa part. Certains la saisissent au vol, dâautres la laissent filer entre leurs doigts, et dâautres lâattendent encore alors quâelle est loin derriĂšre eux⊠Yasmina Khadra La chance ne sourit qu'aux esprits bien prĂ©parĂ©s. Louis Pasteur Si un mec voit passer la chance et qu'il ne l'attrape pas, c'est vraiment un imbĂ©cile. Coluche La chance n'est pas, comme le disaient les anciens Ă propos de la fortune, une dĂ©esse aveugle. Elle accorde volontiers Ă l'optimiste les faveurs refusĂ©es au pessimiste. Gustave Le Bon On chante selon son talent et on se marie selon sa chance. Proverbe portugais Le succĂšs a plus Ă voir avec la chance qu'avec le gĂ©nie George Clooney Avoir une seconde chance ? Une seconde chance ne veut rien dire si tu nâas rien compris Ă ta premiĂšre erreur. Anonyme Voir l'article du blog sur le thĂšme de l'erreur 37 citations sur l'erreur parmi les incontournables Nietzsche, Duhamel, Corneille, Max Jacob, DostoĂŻevski, Montesquieu, Woody Allen, NapolĂ©on, Saint-ExupĂ©ry, Boris Vian,... Il n'y a pas de seconde chance, sauf pour les remords. Carlos Ruiz Zafon Cette bonne Ă©toile, filante certes, qui donne envie ou qui dĂ©sole... Il est de la nature de peu d'hommes Dâhonorer sans envie lâami chanceux. Eschyle Il y a des gens qui ont l'air de savoir vivre sans trop de difficultĂ©s, profitant de la chance qui passe, se servant de leurs talents et se dĂ©brouillant pour ne pas accumuler les malheurs. Douglas Kennedy La ruine des uns profite parfois aux autres. Il suffit d'avoir de la chance... Jean Dufaux Quand on n'a pas eu de chance, il faut prendre l'air malheureux, c'est une question de savoir-vivre. J'ai souvent manque de savoir vivre... Jean-Louis Fournier Et pour finir, Shakespeare dans "Jules CĂ©sar"... __________________________________________________________________________
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